Elle produit parfois des choses curieuses, la littérature… Je pense à Henri Calet. Et à ces deux phrases connues de tous, même de ceux qui ne l'ont jamais lu. Que d'autres citent sans même en connaître l'auteur. Deux phrases qui sont les dernières d'un livre inachevé, celui que ce fils d'anar doit remettre à Grasset en 1956, année où son coeur le lâche. Une promesse qui compte, certainement, j'imagine, peu de lecteurs. Qui encore lit Calet ?
Ces deux phrases finales sont notées un 11 juillet, soit trois jours avant la troisième attaque. Celui qui célébrait les petites gens, leurs petites et grandes angoisses, leurs joies et fêtes, se volatilise un 14 juillet, comme Ferré…
11 juillet : 16h. Accrochage des tableaux de Debuffet.
Je suis sorti de mon ornière… Ecrire des articles ?
20h : Les Dubuffet à dîner.
Nuit : Douleurs.
En souffrance à Vence.
Le matin – demi sommeil – sanglots, qui me réveillent (pensé à Luc)
C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides.
Je suis déjà un peu parti, absent.
Faites comme si je n’étais pas là.
Ma voix ne porte plus très loin.
Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie.
Il faut se quitter déjà ?
Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.
Henri Calet, Peau d'ours,
Gallimard, 1958
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire