William Claxton |
La musique est pour moi ce qu'il y a de plus délicieux au monde. J'aime les beaux sons plus que je ne saurais dire. Pour en entendre un seul, je suis prêt à courir mille pas de suite. Souvent, l'été, quand il fait si chauddans les rues et que j'entends le son d'un piano venant d'une maison inconnue, je m'arrête pour écouter et je me dis que je vais mourir sur place. Je voudrais mourir en écoutant de la musique. Cela me paraît si facile, si naturel, et d'un autre côté, naturellement, c'est impossible. Les sons seraient des coups de poignard trop tendres. Ils font des blessures qui brûlent, sans doute, mais elles ne s'enflamment pas. Elles saignent, mais au lieu de sang, ce sont des pensées douloureuses qui s'égouttent. Dès que les sons s'arrêtent, tout redevient calme en moi…
Robert Walser, Les Rédactions de Fritz Kocher,
trad. Jean Launay, rééd. Zoé poche, 2024
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