Jack London |
Nous n'avons rien fait pour qu'il n'y ait pas de fascistes. Nous les avons seulement condamnés, en flattant notre conscience avec notre indignation ; plus forte et impertinente était notre indignation, plus tranquille notre conscience.
En vérité, nous avons eu une attitude fasciste envers les fascistes (je parle surtout des jeunes) : nous avons hâtivement et impitoyablement voulu croire qu'ils étaient prédestinés à être fascistes par leur race et que, face à cette détermination de leur destin, il n'y avait rien à faire. Et ne nous le dissimulons pas : nous savions tous, dans notre vraie conscience, que quand l'un de ces jeunes décidait d'être fasciste, c'était purement fortuit, ce n'était qu'un geste sans motifs et irrationnel ; un seul mot aurait peut-être suffi pour qu'il en allât différemment. Mais jamais aucun d'entre nous n'a parlé avec eux, ou ne leur a parlé. Nous les avons tout de suite acceptés comme d'inévitables représentants du Mal, tandis qu'ils n'étaient sans doute que des adolescents et adolescentes de dix-huit ans qui ne connaissaient rien à rien, et qui se sont jetés la tête la première dans cette horrible aventure par simple désespoir.
Pier Paolo Pasolini, Ecrits corsaires,
trad. Philippe Guilhon, Flammarion
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire