A la date du 14 mai 1929, Paul Gadenne, de passage sur ses terres natales pour un rendez-vous électoral, des municipales très certainement, note ces lignes.
A Armentières encore : disputes électorales. Cela arrive brusquement, comme un ouragan. Sans qu'on sache pourquoi on voit tout à coup des yeux hors des orbites, des joues gonflées, des bouches distendues, des poings crispés. On crie sans nul besoin, par pur exercice. La colère est une distraction qu'on se donne, parce qu'on a des forces à dépenser. Ces spectacles-là remplacent les jeux des gladiateurs de l'Antiquité, les tournois du Moyen Âge. Les combats électoraux et les guerres, sous des aspects sérieux, ne sont que des jeux où l'humanité emploie sa force, pour se la prouver. C'est là que se déverse le trop-plein des énergies, comme jadis dans les Croisades. On va au scrutin comme on allait à Jérusalem : avec l'espoir de donner de bons coups, de frapper dur.
Les jeunes Éditions des Instants, en collaboration avec l'inépuisable Didier Sarrou, entament la publication des carnets de l'auteur de Siloé. Le premier volume, intitulé Le long de la vie, comprend les neuf premiers carnets, tous inédits, couvrant la période 1927-1937. Un document précieux pour les amateurs, qui ne manqueront pas de se précipiter également sur le dernier numéro du Matricule des anges dans lequel l'insatiable Éric Dussert consacre un dossier à Paul Gadenne (1907-1956).