vendredi 24 décembre 2021

Monsieur mien


Hasisi Park

 

 

Remarquez comme il a numéroté les veines bleues
de mon sein. En plus il y a dix grains de beauté.
Maintenant il va à gauche. Maintenant il va à droite.
Il construit une ville, une ville de chair.
C'est un industriel. Il a connu la faim dans des caves
et, messieurs dames, il a été brisé par le fer,
par le sang, par le métal, par l'acier,
triomphant de la mort de sa mère. Mais il repart.
Maintenant il me bâtit. Il est consumé par la ville.
A partir de planches glorieuses il m'a érigée.
A partir du béton merveilleux il m'a moulée.
Il m'a donné six cents plaques de rue.
La fois où j'ai dansé il a construit un musée.
Il a construit dix rues quand j'ai bougé dans le lit.
Il a construit un échangeur quand je suis partie.
Je lui ai donné des fleurs et il a construit un aéroport.
En guise de feux de signalisation il a distribué des sucettes
rouges et vertes. Pourtant dans mon cœur je dis : allez-y mollo les enfants.

 

Enfin, et donc for the first time, viennent d'être traduits les quatre premiers recueils d'Anne Sexton sous le titre Tu vis ou tu meurs (référence à l'Herzog de Bellow qui ne vous aura pas échappée). Le boulot semble remarquable sous la plume de la traductrice Sabine Huynh pour qui, nous dit-on, il s'agit de l'œuvre d'une vie, rien que ça. C'est aux éditions des femmes-Antoinette Fouque et, patience, dans toutes les bonnes librairies dès le 13 janvier prochain. On y reviendra. D'ici là, le taulier de ce blogue souhaite à tous les lecteurs égarés par ici d'excellentes fêtes de fin d'année. Dans la mesure de l'impossible, bien entendu.

2 commentaires:

  1. Éditions féministes recommandables, une poétesse que j'approcherai volontiers, merci.
    Faites l'impossible pour de belles fêtes de fin d'année.

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