Les seins sont bien contents, le dimanche : ils s'enflent, se bombent, se gonflent comme des éponges. Mais hélas ! tout cela pour passer leur dimanche, inconnus, emprisonnés, inutiles, à l'écart de la fête.
Les femmes les présentent comme on présente les guirlandes et les tapis dans les processions, là-haut, sur les balcons des appartements fermés. La procession finie, on range les ornements comme on recueille les seins que l'on avait préparés pour le dimanche dans un grand désir de rapprochement, d'enveloppements et de caresses.
Les seins du dimanche plus aériens, plus propres qu'aucun autre jour et comme amidonnés de neuf attristent le dimanche, le font plus irrespirable.
Ils vont, couverts de rubans, mais de rubans intérieurs et de lambeaux subtils. Ils ont l'air de marcher à leur apothéose lorsqu'ils sortent de la maison, et pourtant ils ne vont nulle part, ils ne peuvent que décrire un cercle vicieux autour de leur misère.
Tristes seins du dimanche, raides, solennels, ingénus et neufs comme le sont les blouses neuves que l'on étrenne le dimanche, plus amers et plus doux que jamais ! On dirait qu'on leur a mis la robe du baptême et le petit bonnet de dentelle que l'on met aux enfants pour la promenade des jours de fête. Pauvres seins asservis qui perdent des éternités sans le savoir, enfants qui n'auront eu ni père ni mère, pas plus après qu'avant leur naissance.
Ceux qui sont restés à la maison sont tombés sur les chaises-longues du dimanche.
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