John Bignell |
Après Sur l'écriture, il y a deux ans, les éditions du Diable Vauvert publient aujourd'hui un recueil de poèmes rares de Charles Bukowski, écrits entre 1969 et 1993, certains parus ici et là, dans des magazines plus ou moins underground, d'autres entièrement inédits, conservés à l'état de manuscrits dans des collections privées. La plupart n'avaient pas jusqu'ici été traduits en français. On ne pouvait pas louper cela.
les conditions
présentement, d'après les conditions fixées par le soleil
mon monde touche à sa fin.
marqué par le ver,
bradé par une population mondiale
n'ayant aucune idée de mon existence,
présentement, d'après les conditions fixées par le soleil
mon monde touche à sa fin.
mes amis, on peut difficilement dire qu'il y ait eu des temps bénis.
j'ai montré du courage, de la pochardise et de la peur
le cœur continue de battre
sous l'emprise d'une terreur absolue.
d'après les conditions fixées par le soleil
je me prépare à déposer
les armes, la souffrance et le peu
qu'il me reste d'honneur.
ça ne marche pas à tous les coups
j'ai connu un écrivain dans le temps
qui essayait toujours de resserrer des phrases
par exemple il écrivait :un vieil homme en manteau vert descendit la rue.après correction :vieil homme en vert descendait rue.après correction :vieil homme vert descendait rue.après correction :homme vert descendait.après correction :vert descendait.pour finir cet écrivain disait,merde, j'arrive pas à péter,et puis il s'est tiré une balledans la tête.tiré dans la tête.tiré la tête.
tiré.
Chanson d'amour
j'ai mangé ta chatte comme une pêche,j'ai avalé le noyaule duvet.calé entre tes jambesj'ai sucé mâchouillé léchéavalé tout ton être,ai senti tout ton corps se tendre tressaillir commeun fusil-mitrailleurj'ai fait de ma langue une flècheet le jus a couléet j'ai avalépris de foliesuçant l'intégralité de tes entrailles –ton con tout entier dans ma bouche aspiréj'ai morduj'ai morduet avaléet toi aussitu as cédé à la foliealors je me suis retiré pour recouvrirde baisers ton nombrilavant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes
j'ai embrassé croquémordillé,encore une foistout du longces merveilleux poils pubiensqui m'attiraient m'attiraient toujours plusj'ai résisté tant que possibleet puis j'ai bondi sur la chosesuçant et lapant,des poils dans mon âmeun con dans mon âmeton être entier dans mon âmedans un lit miraculeuxavec dehors des cris d'enfantss'amusant sur leurs vélosà roulettes aux environs de5 heures de l'après-midicette heure merveilleuseque constitue 5 heures de l'après-miditous les poèmes d'amour étaient écrits :ma langue est entrée dans ta chatte et dans ton âmele couvre-lit bleu était làsans oublier les enfants dans l'alléeet ça chantait et ça chantait et ça chantait et ça chantait.
Charles Bukowski, Tempête pour les morts et les vivants,
éd. Au diable Vauvert, 2019
trad. Romain Monnery
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