- T'es au courant pour Blanche Gardin ?
- Qui ?
- Blanche Gardin, tu sais l'humoriste... Je pensais que tu l'aimais bien...
- Ah oui, pardon, je n'y étais pas... Je pensais que tu allais me parler d'une ministre ou d'une de ces secrétaires d'Etat à la con… Qu'est-ce qui lui arrive à cette chère Blanche ? Elle est enceinte de Louis CK ?
- Elle a refusé d'être nommée à l'ordre des Arts et des Lettres.
- Et alors ?
- Elle a envoyé une lettre assez critique pour se justifier, à propos des mal logés, tout ça...
- « Tout ça » ?
- Attends, je cherche le texte exact.
- Pas besoin.
- Si, si. Voilà : Je suis flattée. Merci…
- Ils sont tous flattés d'être récompensés par le pouvoir, lamentable.
- Attends…
- …Comme disait Billy Wilder, Les récompenses, c'est comme les hémorroïdes, n'importe quel trou du cul finit par en avoir…
- Oui, je sais, mais écoute le texte : Je suis flattée. Merci. Mais je ne pourrai accepter une récompense que sous un gouvernement qui tient ses promesses…
- … Donc, le gouvernement ne tiendrait pas ses promesses ? Bien sûr qu'il les tient : Macron a été mis place pour démolir le pays, remercier ceux qui, dans l'ombre, ont permis cette ascension invraissemblable, en leur permettant de s'enrichir un peu plus, pour dresser les uns contre les autres au nom de la démocratie, tabasser ceux qui s'insurgent, les mutiler… Moi ou le chaos…
- Je peux finir de lire le texte de la Gardin ? Donc : …je ne pourrai accepter une récompense que sous un gouvernement qui tient ses promesses et qui met tout en œuvre pour sortir les personnes sans domicile de la rue… Tu sais, elle se réfère à ce qu'avait dit Macron après son élection : « Je ne veux plus, d'ici la fin de l'année, avoir des hommes et des femmes dans la rue, dans les bois ou perdus ».
- C'est quoi ? C'est son dernier sketch ? Pas terrible…
- C'est sa lettre à Macron…
- Ok, d'accord. C'est quand même mieux que toutes ces plaidoiries pour le droit des animaux, mais, elle a sérieusement cru à ce genre de discours sur les personnes sans domicile, la Blanche colombe ? Ils l'ont tous tenu avant ce con ! Chirac avait été élu sur le thème de la fracture sociale, cher à Emmanuel Todd. Sarkozy avait prononcé exactement les mêmes mots, Hollande et sa Duflot aussi. Résultat, il y a plus de 10 millions de personnes dans ce pays, officiellement, qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui n'est déjà pas bien élevé. Elle est jeune, la Blanche colombe, c'est peut-être l'explication.
- Elle semble beaucoup s'impliquer. Et dans son texte, elle dénonce les mesures qui ont provoqué l'effet inverse de cette promesse sur les SDF. A savoir, la baisse des APL, la réduction des budgets des centres d'hébergement, les coupes budgétaires dans la construction de logements sociaux et dans les emplois aidés, la suppression de l'ISF, ce qui a selon elle pour conséquence de faire chuter les dons aux associations qui luttent en faveur des plus démunis. Et elle a reversé les bénéfices d'un de ses spectacles à la Fondation Abbé-Pierre et à l'association les Enfants du Canal.
- Bien. Bravo. Mais pourquoi s'arrête-t-elle là ? Pourquoi ne rappelle-t-elle pas toutes les mesures scélérates de ce gouvernement qui poursuit, en l'accélérant, l'œuvre des précédents : démolissage du Code du travail, hausse de la CSG pour les retraités dont un grand nombre se retrouve dans la nécessité de retourner bosser, la réforme de l'éducation, la fermeture des hôpitaux, des maternités, le durcissement des mesures de contrôle des chômeurs, ces assistés, ces feignants, ces « gens qui ne sont rien »… Sans parler de l'affaire Benalla et la fameuse réponse de l'illuminé de l'Elysée : Qu'ils viennent me chercher !, pour ensuite chier dans son froc, barricadé dans son palais. Des fausses promesses, il en a fait dans tous les domaines, ne serait-ce que ses prétendues réponses aux Gilets jaunes comme la hausse du smic, ou cette parodie de grand débat avec la complicité d'une bande d'intellectuels de salon, eux aussi flattés d'être invités par le chef de la mafia en personne, qui va faire semblant de les écouter en leur donnant deux minutes la parole, on amuse la galerie, il se permet de faire voter une loi sur les fake news tandis que ceux qui l'ont mis en place contrôlent l'ensemble des médias, on interdit les manifestations parce que certains s'en seraient pris aux prétendues valeurs de la République comme l'Arc de triomphe, symbole de l'Empire, Show must go on, le ministre de l'Intérieur peut continuer ses parties de poker avec ses copains truands, aller danser tranquillement en mettant des mains au cul à la première pétasse qui passe et parader sur les Champs-Elysées après la bataille…
- Du calme, du calme. Prends un autre verre.
- Tu as raison, je vais me calmer, regagner le silence de la solitude, sinon, c'est pas un verre que je prends, c'est les armes !
- Tu sais que tu peux être mis en garde à vue, avec ce genre de propos ?
- Qu'ils viennent me chercher !
- Qu'est-ce que tu as contre les plaidoiries sur le droit des animaux ?
- Rien. J'aime beaucoup les animaux. Mais tous ces gens qui veulent leur octroyer les mêmes droits que ceux dont bénéficient les hommes me font frémir. Dire que les animaux doivent être traités comme les hommes, c'est accepter que les hommes soient traités comme des animaux. Donc, je préfère quand même une analyse comme celle de Blanche Gardin, aussi naïve et incomplète soit-elle. Pendant ce temps-là, l'expulsion et l'arrestation imminentes de Julian Assange, personne n'en parle…
- Julian qui ?
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