Entre l’écoulement et l’écroulement de toute chose, il y a un abîme. C’est là où passe le poète avec sa pauvre parole traîtresse, si lourde à porter. Et quel salut y a-t-il pour celui qui assume la détresse souveraine, antérieure à celle connue des mortels ? Et pourquoi le poète ? Pourquoi accepte-t-il cet envers redoutable, qui sans répit le pénètre et le taraude ? Il n’en sait rien. Evadé de la répugnance salvatrice du quotidien, le poète incarne l’être parfaitement raté, déséquilibré, inutile. La réussite est pour lui déchéance et la victoire – effondrement. Il en tire une fierté à rebours et une force négative foudroyante. Regardez bien ses yeux. Fuyez le poète !Paul Valet, Solstices terrassés, 1983
mardi 30 janvier 2018
L'abîme
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