Au cours de recherches foutraques autour de Cioran, je tombe sur le nom de Friedgard Thoma, Allemande, professeur de philosophie de 35 ans lorsque, au début des années 1980, Cioran reçoit une lettre d'elle, admirative. S'ensuit une correspondance puis une rencontre à Paris. Celui qui affirme dans Syllogismes de l'amertume, que « Plus un esprit est revenu de tout, plus il risque, si l'amour le frappe, de réagir en midinette » s'entiche immédiatement de la jeune femme. « Je ne peux renoncer au désir. Je ne peux renoncer à rien… Triompher de moi, je ne peux pas », lui confie-t-il.
Thoma a publié en Italie un livre sur cette "folle" liaison malgré, semble-t-il, les menaces de Gallimard qui en a interdit toute traduction française. On en trouve quelques traces sur la toile, dont ces deux lettres rédigées par l'auteur de La Tentation d'exister.
Vous êtes devenue le centre de ma vie, la déesse d’un homme qui ne croit en rien, le plus grand bonheur et le plus grand malheur qui me soient arrivés…
Après avoir, pendant de nombreuses années, parlé avec sarcasmes de ces… choses comme l’amour (et autres notions similaires), je devrais d’une certaine façon être puni, et je le suis, mais cela n’a pas d’importance. L’échec est mon mot d’ordre. Toutefois, il me reste une possibilité : vous êtes encline à vivre de façon marginale, même si ce n’est qu’un peu, mais cette réserve signifie déjà beaucoup — du moins à mes yeux.
Je me considère comme un marginal, et intérieurement, je réagirais comme tel même si j’étais traduit dans toutes les langues du monde, y compris celle des cannibales.
(17 juillet 1981)
Il n'est que la musique pour créer une complicité indestructible entre deux êtres. Une passion est périssable, elle s'use comme tout ce qui participe de la vie, alors que la musique est d'une essence supérieure à la vie et, bien entendu, à la mort.(12 décembre 1981)
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