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Tony Ray-Jones |
Le destin c'est l'oubli.
J'y suis arrivé avant.
Jorge Luis Borges « Le poète mineur »
Quelquefois on lui a dit
sur un ton de haine policée
qu'il est/qu'il a toujours été
un poète mineuret soudain il a remarqué
qu'il était à l'aise
dans cette catégoriequand on vieillit
il est franchement gratifiant
d'être un poète mineurquand il lit et relit
ces poètes majeurs
et qu'il parle avec eux
non d'égal à égal
mais entre inégauxil assume sans affront
la distance cordiale
la distance sidérale
qui existe entre lui et eux
Mario Benedetti, in Anthologie poétique,édition bilingue, trad. Omar Emilio SpósitoLe temps des cerises/Reflet de lettres, 2024
Comme disait à peu près Arno Schmidt : je veux bien admettre que je suis un auteur de second rang, mais alors le plus fort, et comme il n'y a personne au premier rang.... Louis Watt-Owen
RépondreSupprimerJe n'aurais pas voulu vous vexer en appelant vos poèmes, « chansons. » Ce que je voulais simplement vous dire, modestement, c'est que, moi, je fonctionne à l'oreille.
RépondreSupprimer« Toute poésie destinée à n'être que lue n'est pas finie, écrivait Léo Ferré, Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale, tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche. »
Je suis fou des chansons. J'aime que les mots soient incarnés. Et de préférence par une belle voix. C'est tellement difficile d'écrire une bonne chanson. Je ne me souviens plus trop où mais je crois que Frédéric Schiffter parlait de cela quelque part. Il disait écrire des essais un peu par dépit, parce qu'il se sentait incapable d'écrire des chansons. Cela m'avait beaucoup séduit qu'un écrivain aussi doué et intelligent reconnaisse la supériorité du cœur et du sentiment sur l'intellect. Il n'y a pas de poètes « majeurs » ou « mineurs », il y a la poésie. Celle qui touche, et celle qui ne touche pas. Gainsbourg pensait que la chanson était un art mineur, Barbara disait faire de « petits zinzins », Brassens même refusait l'appellation « poète », qui, il est vrai, ressemble à un label de nos jours. Qu'importe ces considérations d'hommes. C'est encore là l'éternelle histoire de celui qui aura la plus longue. Laissons cela aux ministères et aux imbéciles. Il n'y a que l'amour qui vaille, et il n'y a que les larmes qui soient vraies.
Les larmes qui mènent à l'amitié.
Max.
Chers amis, oui à tout, me murmure charles brun affalé au comptoir de l'insomnie. Ma femme plussoie comme on dit aujourd'hui…
RépondreSupprimerPetite précision, tirée de la préface du recueil cité : Benedetti était un poète très populaire, et l'est toujours, en Amérique latine, et en Espagne. Ce poème est une réponse à l'inénarrable Borges qui, quelque peu jaloux, et en raison de "rancunes idéologiques" , avait dédié à celui-ci son poème intitulé "Un poète mineur".
SupprimerPar ailleurs, le chanteur et poète catalan Joan Manuel Serrat disait qu'il n'y avait pas dans les poèmes de Benedetti "une frontière très nette entre la poésie et la chanson".
Il n'y a donc aucune vexation chez l'ami Brun ni chez le taulier de ce blogue (si ça peut vous consoler, cher Max)
Vous m'avez rassuré oui :)
SupprimerPatron, la même chose !
Max