samedi 8 mars 2025

Les temps ont changé

 

le courrier s'amoncelle
au pied du bureau
dans la baignoire la vaisselle
sur mes genoux une femme
boit du champagne
peau blanche et yeux d’assassin
sa croupe pétillante dans la main
j'exècre les hommes
reclus ici
ils ne m'inspirent aucune confiance
d'où viennent tous ces gens ?
n'ai-je pas mieux à faire ?
plus rien n'est ce que l'on croit
chante-t-elle à mon oreille
avant de s'enfuir vers
quelque autre souffrance
je pense avoir reconnu la chanson
des filles tanguent
entre elles
sur un beau mélo de gardel
plus belles les unes que les autres
un signe m'invite à les rejoindre
elles parlent poésie
je me fais tout petit
cherche la sortie
aucune ne connaît
edgar allan poe
peu leur chaut
les idiots se précipitent là où
les anges ont peur d'aller
les informations tournent en boucle
sur les écrans
l’ère ouverte il y a quatre-vingt ans
répètent-ils se referme
les temps ont changé
empêtré dans la mélancolie
cet air
me revient la nuit
je resterai devant votre tombe
pour m'assurer
que vous êtes bien morts
chantiez-vous
je vous entends encore,
monsieur robert
je n'ai pas sommeil et n'ai nulle part
où aller
vous reprendrez bien un verre ?

 

charles brun, un abri pour l'orage

1 commentaire:

  1. Vous écrivez vraiment d'admirables chansons, Charles.
    Vous égalez dans mon coeur les paroliers Jacques Duvall, Etienne Roda-Gil et Jean-Claude Vannier.
    C'est tellement dommage de laisser tout ces trésors-là sans musique, et sans voix...
    Max.

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