Gangrène
En avril 1944, trois mois après son arrivée à Périgueux, et quelques jours avant le séjour parisien cité dans le billet précédent, Raymond Guérin écrit ces lignes.
(…) J'avais cru découvrir le moment où je passais d'un pays barbare que je quittais à un pays civilisé. Je suis moins sûr aujourd'hui de mon fait. La France a été gangrenée partiellement. Il a suffi que tous les Français admirateurs de la Barbarie gouvernent pour que le climat spirituel de la France soit empoisonné. Ça et là, à cause de ces traîtres à la Civilisation, la Barbarie s'est installée. Sous la protection de la Barbarie, ces salauds ont exercé leurs sévices. On croyait que le peuple français était civilisé dans sa totalité. On s'est trompé ! Oh ! ce n'est qu'une partie infime qui a trahi. Sans doute une proportion égale à celle des esprits éclairés en Barbarie. Il faut en passer par là : autour de nous, prêts à nous nuire, à nous torturer, à nous imposer les pires humiliations intellectuelles ou corporelles, des monstres français ont accrédité la Barbarie. A la radio, dans les journaux, dans les administrations de la République, dans la police, partout où une influence et une mainmise peuvent s'exercer, ils ont multiplié les mensonges, les impostures et les tyrannies (…)
Raymond Guérin, Retour de Barbarie, ed. Finitude
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