Il y a deux mois, choisissant une photo de ma jeunesse pour l’exposition sur le journal intime de Quimper, je suis tombée sur celle qui date de cette période où j’avais commencé d’écrire, en 62. Il m’a semblé – ce qui ne m’arrive jamais – qu’il y avait un lien, une identité même, entre la fille de la photo et ce que je suis maintenant. Pourtant, je n’ai plus la vision glorieuse et enchantée que cette fille avait de l’écriture, celle-ci est pour moi une recherche lente, un désir de saisir et de comprendre la réalité, de témoigner aussi. Mais je suis persuadée que j’ai passé et continue de passer autant de temps sur des pages, mettant dans cette activité une obsession et une énergie sans doute disproportionnées, parce que, un jour, j’ai été cette fille croyant à la littérature comme en Dieu et misant son salut sur elle.
Texte de 1999, in Les Cahiers de l'Herne, Ernaux,
dir. Pierre-Louis Fort, 2022, 33€.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire