Jitka Hanzlová |
Voici venu l'âge de fer dans la gorge. Déjà.
Tu t'habites toi-même mais tu ignores qui tu es ; tu vis sous une voûte abandonnée où tu écoutes ton propre cœur
pendant que graisse et oubli se propagent dans tes veines,
que tu te calcifies dans la douleur et que de ta bouche
tombent des syllabes noires.
Tu vas vers l'invisible
et tu sais que ce qui n'existe pas est réel.
Tu retiens vaguement tes affaires et tes rêves
(tu conserves encore l'odeur des suicidés),
tes aliments sont la colère et la pitié,
il reste peu de toi : vertige, ongles
et ombres de souvenirs.
Tu penses la disparition. Tu caresses
les ténèbres cérébrales, tu descends dans ton foi calciné par la tristesse.
Tel est l'âge de fer dans la gorge. Tout
est maintenant incompréhensible. Pourtant
tu aimes encore tout ce que tu as perdu.
Antonio Gamoneda, Clarté sans repos,
trad. Jacques Ancet, éd. Arfuyen
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