Il n'y a pas de normes. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n'existe pas.
Fernando Pessoa
Il n'y a pas de normes. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n'existe pas.
Fernando Pessoa
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Stefan Rappo |
mais sans courage j’ai laissé ma mainsur tes fesses froides et tu m’as chuchotéce rêve où dans la chambre humide
je te lisais un poèmede Leonard Cohen sorti de The Flamedans sa loge soudain il entendait Tom Waitset sa musique bien meilleure que la siennedisait-il
parfois je ne pense plus à luinous frappe la gratte de Louis Watt-Owencaressée d'une seule main sur la terrasse de son hlmburlando la muerte clope au becmurmurant toute notre haine en verset à l'enversavant de nous quitter j'ai remis notre chapeaula pluie nous gelait les os l'espoir et le sangdepuis si longtemps que nous n'espérions plusaucune consolation
Charles Brun
Pas un jour, ces temps-ci, sans agitation, paroles, colères, enthousiasmes, gestes inutiles, excès en tout genre. Comme si nous devions nous prouver en permanence que nous sommes encore en vie.
C'est contre la nature de l'amour s'il n'est violent, et contre la nature de la violence s'il n'est constant.
Montaigne
Le danger aujourd’hui est que la direction des affaires soit accaparée par des oligarchies de compétents associées aux puissances de l’argent.
Paul Ricoeur (1968)
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Fred Herzog |
N’apprends qu’avec réserve. Toute une vie ne suffit pas pour désapprendre ce que naïf, soumis, tu t’es laissé mettre dans la tête – innocent ! – sans songer aux conséquences.
Henri Michaux
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Hermance Triay |
« France Culture aurait dû être un univers de gens cultivés donc agréables. Dans les faits, c’étaient des tueurs ». Celle qui s'exprime ainsi s'appelait Pascale Casanova. Cette dingote de littérature est morte le 29 septembre dernier à 59 ans dans une magnifique indifférence. J'avais croisé cette proche de Bourdieu, dont les héros se nommaient Beckett ou Kafka, vers 1995 dans une des émissions qu'elle anima sur la radio publique et où elle eut la saugrenuité de m'inviter à deux reprises il me semble. Impressionné par la dame, et le lieu, qu'est-ce que je foutais là ?, j'ai le souvenir d'avoir barboté une phrase par séance.Acrimed a mis en ligne récemment un long et instructif entretien de Pascale Casanova avec Yves Lacascade, datant de 2017, et publié à l'origine dans le numéro 148-149 du Journal des anthropologues. Extrait :- Yves Lacascade : Comment as-tu commencé à travailler à France Culture ?- Pascale Casanova : Je crois que c’était par un membre de l’équipe du Panorama : comme ils cherchaient des gens en province, il m’a proposé d’y participer. À l’époque, au Panorama, il y avait des sujets sur les expos à Bordeaux, à Lyon, et donc moi je faisais de petits reportages sur ce qui se passait dans ma région, du journalisme culturel en quelque sorte. Je lisais La Nouvelle République pour avoir des idées de sujet. J’avais été mise en contact avec Duchateau par l’un de mes professeurs en licence et maîtrise de lettres à Tours. Voilà, c’est comme ça que je suis entrée peu à peu. Je « montais » à Paris pour commenter en direct mes reportages. Ça a dû durer trois ou quatre ans. Et puis l’émission s’est allongée et Duchateau m’a proposé de venir plus souvent et de faire d’autres sujets. Je faisais aussi des choses au mois d’août : je lançais des débats, des magazines, des choses enregistrées, pas en direct, mais des bobinos, des rediffusions. Duchateau me le faisait faire aussi à Noël, quand les autres n’étaient pas là. C’était très technique. Ça faisait partie de l’apprentissage. Ça m’apprenait à causer.
La chaîne, qui est restée discrète, a mis en ligne
quelques archives qu'on peut écouter ici.
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Claude Gassian |
Je n’arrive pas à déchifrer le codeDe notre amour congeléIl est trop tard pour savoirQuel était le mot de passeJe tends la main vers le passéN’arrive jamais à l’atteindreEt tout ressembleÀ un ultime recoursCertes on a dit qu’on s’en tiendrait làEt il ne reste rienEt pourtant j’entends mes lèvresFaire ces promessesCertes on a gaspillé la véritéEt il n’en reste presque rienOn peut pourtant balayer la chambreOn peut encore faire le litQuand le monde sera fauxJe ne dirai pas qu’il est vraiQuand les ténèbres appellerontAvec toi j’iraiQuand viendra la honteÀ l’heure de la grande AlerteQuand ils appelleront ton nomBras dessus bras dessous nous irons
Leonard Cohen, The Flame,
Le Seuil, trad. Nicolas Richard
Les livres ont les mêmes ennemis que l'homme : le feu, l'humide, les bêtes, le temps ; et leur propre contenu.
Paul Valéry
De temps en temps, une femme est un substitut convenable à la masturbation. Mais bien sûr, il faut beaucoup d'imagination.Karl Kraus
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Hiromu Kira |
Je m'obstine à établir une différence entre imbécillité et intelligence, et ce n'est pas aussi facile qu'il y paraît.Pour commencer, l’imbécillité humaine est si foisonnante qu’une bonne partie échoit aux êtres intelligents, qui l’utilisent avec plus d’agilité et de confiance que ne le ferait un imbécile. Les imbéciles s'obstinent à faire (et c'est bien) ou à dire (ce qui est moins bien) des choses intelligentes. En revanche, on voit bien que les intelligents font ou disent des imbécillités tout le temps, sans le vouloir. L'imbécillité et l'intelligence se trouvent comme dans des vases communicants, passant constamment de l'un à l'autre ; il arrive qu'elles se repoussent mais, en général, elles se mélangent bien et elles créent des amitiés, des relations, des alliances et des mariages qui ne s'expliquent pas, et dont les gens disent : mais comment est-ce possible ?
il descendait par l'escalier extérieurune chambre aménagée dans le grenierpareille à celle de ses dernières annéesau-dessus du Gambetta ?chez la voisine ?je venais d'embrasser ma mèreet l'ai trouvé dans la cour comme je quittaissa maisonnous nous sommes salués à peinecomme de son vivantdes siècles que nous ne nous voyions plusnous avons franchi la grille ensemblele temps d'un tour de clé, il remontait déjàla rue Edouard-Vaillantles périodes sans travail étaient les plusétranges et angoissantesje l'ai rattrapé sans maltous ces matins
après-midioù allait-il ?au café, voir un ami,Antonio el largo ? Da Cunha ?Sylvestre ? Le Polonais ?El Málaga ? Chevalier ?El Rafa ? El Miguel ?chez une femme ?
La Mona ?cette fois, j'étais lànous ne savions jamaisd'où il revenaitj'ai passé mon bras sur son épaulele toucheril s'est tourné vers moi, comme pour me parlersans mots, la gueule en sang,sans dentsje l'ai serré contre moije voulais lui dire tout ce que je savaistout le peudepuis qu'il n'était plus làce qui je pensais l'avait éloignéde sa femme, de ses propres enfantssilence secret qu'il connaissaitselon ellecomment autrement ?qu'il ignoraitselon mon frèrela ville avait beaucoup changéil avait besoin de moipour le guiderle bistro du coin n'existait plusmais le brazza plus loin oùma sœur et moi achetionsà ses anniversaires une boîte de cigarillosune fois un cigareétait toujours là sous un autre nomje croisnous nous sommes perdusdans une autre vieaujourd'hui il me reste dix anspour arriver
place de sa mortj'aime mieux les rêves de cassesur un scénario de Giovanniils m'évitentd'écrire ces idioties
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Elliott Erwitt |
Le 28 octobre 1919, André Gide écrit dans son Journal :Hier, visite de Valéry. Il me répète que, depuis nombre d’années, il n’a écrit que sur commande et que pressé par le besoin d’argent.- C’est-à-dire dire que depuis longtemps, tu n’as rien écrit pour ton plaisir ?- Pour mon plaisir ? reprend-il. Mais mon plaisir est précisément de ne rien écrire. J’aurais fais autre chose que d'écrire, pour mon plaisir. Non ; non ; je n’ai rien écrit, et je n’écris rien que contraint, forcé et en pestant.