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Hermance Triay |
« France Culture aurait dû être un univers de gens cultivés donc agréables. Dans les faits, c’étaient des tueurs ». Celle qui s'exprime ainsi s'appelait Pascale Casanova. Cette dingote de littérature est morte le 29 septembre dernier à 59 ans dans une magnifique indifférence. J'avais croisé cette proche de Bourdieu, dont les héros se nommaient Beckett ou Kafka, vers 1995 dans une des émissions qu'elle anima sur la radio publique et où elle eut la saugrenuité de m'inviter à deux reprises il me semble. Impressionné par la dame, et le lieu, qu'est-ce que je foutais là ?, j'ai le souvenir d'avoir barboté une phrase par séance.
Acrimed a mis en ligne récemment un long et instructif entretien de Pascale Casanova avec Yves Lacascade, datant de 2017, et publié à l'origine dans le numéro 148-149 du Journal des anthropologues. Extrait :
- Yves Lacascade : Comment as-tu commencé à travailler à France Culture ?
- Pascale Casanova : Je crois que c’était par un membre de l’équipe du Panorama : comme ils cherchaient des gens en province, il m’a proposé d’y participer. À l’époque, au Panorama, il y avait des sujets sur les expos à Bordeaux, à Lyon, et donc moi je faisais de petits reportages sur ce qui se passait dans ma région, du journalisme culturel en quelque sorte. Je lisais La Nouvelle République pour avoir des idées de sujet. J’avais été mise en contact avec Duchateau par l’un de mes professeurs en licence et maîtrise de lettres à Tours. Voilà, c’est comme ça que je suis entrée peu à peu. Je « montais » à Paris pour commenter en direct mes reportages. Ça a dû durer trois ou quatre ans. Et puis l’émission s’est allongée et Duchateau m’a proposé de venir plus souvent et de faire d’autres sujets. Je faisais aussi des choses au mois d’août : je lançais des débats, des magazines, des choses enregistrées, pas en direct, mais des bobinos, des rediffusions. Duchateau me le faisait faire aussi à Noël, quand les autres n’étaient pas là. C’était très technique. Ça faisait partie de l’apprentissage. Ça m’apprenait à causer.
On lira sans plus tarder la suite ici et là.
La chaîne, qui est restée discrète, a mis en ligne
quelques archives qu'on peut écouter ici.
Beau portrait en filigrane de Pierre Bourdieu. Et belle charge contre les ( petits & gros ) marquis des médias culturels ( j'avais été surpris, lors d'une tournée promotionnelle de James Crumley, que j'accompagnais, de l'attitude à la fois désinvolte & très sûre d'elle même de l'envoyée de Télérama menant son interview, l'air de rien, sans avoir lu le roman ( des détails dans ses interventions la trahissaient ) ). Ce qui ne l'empêcha pas d'écrire un long papier enthousiaste...
RépondreSupprimerAh, très cher Jean Songe, merci pour cette anecdote qui laissera songeurs quelques esprits naïfs. Tu es bien placé pour savoir que marquis ou pas (encore), les journalistes ne font pas un métier bien sérieux, bien qu'ils se prennent, pour la plupart, très au sérieux... Un bon week-end ensoleillé à toi !
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