J'entendais ce matin, en faisant la vaisselle de mon petit-déjeuner, la radio m'affirmer que le travail le dimanche avait rythmé cette année le calendrier social. C'était le choix de la rédaction, un sujet de 3-4 minutes, avec experts, patrons, salariés heureux et tout ça. Le brouillard était complet. Chaque info assénée et débattue, si brièvement, entretient l'illusion de nous fournir un point de vue, de créer le nôtre, d'avoir en mains tous les éléments pour cela. Le sujet est en débat, nous sommes en démocratie. C'est là l'essentiel. La question est dans l'air, elle rythme le calendrier social comme disent les journalistes. Le gars Macron et ses amis du MEDEF font le reste. Et lorsque, à force de martèlements, le travail le dimanche, tel le FN, sera banalisé, on trouvera cela normal dans le fond, moderne et nous assurant la relance de notre économie. Imparable. La fermeture de nos centres commerciaux le dimanche sera bientôt un archaïsme. De toute manière, si on y réfléchit bien, la vie sans intérêt d'une caissière ou d'un vendeur payé le Smic et aux horaires déjà flexibles, va-t-elle changer pour un détail d'emploi du temps de travail ? Ces petites gens peuvent-elles actuellement se permettre des loisirs, une vraie vie de famille, de couple ou de célibataire, des week-ends à la campagne ou à la mer ? Soyons sérieux ! Avec des heures payées double le dimanche, ils devraient ne plus tirer la langue et se serrer la ceinture dès le 10 du mois mais le 13, voire le 14. C'est le prix à payer pour retrouver une France qui gagne !
La résistance des syndicats conservateurs, les difficultés éprouvées dans certaines entreprises à parvenir au fameux accord de branche, mais aussi l'hécatombe de commerces de centre-ville - certainement mal gérés, sinon, je vois pas - peuvent conduire certains édiles, apprenais-je récemment, à jouer les illusionnistes. Et pas seulement le dimanche ! A La Roche-sur-Yon, par exemple, le maire a confié la revitalisation de ses rues commerçantes à une manager de centre-ville - il n'y a pas de sous-métiers, laquelle a fait appel à une entreprise de vitrophanies. A raison de 100 euros le mètre carré, cette boîte vous colle une photo grandeur nature de boutique ouverte sur la vitrine d'une boutique ayant périclité. On pourra bientôt, comme dans un parc à thème, se promener dans les rues de toutes nos villes sans être effrayé par la crise économique, les dégats irrémédiables produits par les centres commerciaux situés le plus souvent en périphérie et la désertification de nombreux lieux. Un peu de rêve pour rendre la vie plus belle, en somme.
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