Dans ses carnets, peu avant le fameux voyage à Moscou, réalisé à l'été 1936 en compagnie d'André Gide, Pierre Herbart, Jef Last, Jacques Schiffrin et Eugène Dabit, Louis Guilloux note :
De Dabit : juin 1936 – « Cher G… Alors, quand arrives-tu à Paris, pour notre grand voyage ? Cet hiver, à Saint-Brieuc, tu te souviens, on parlait de voyages. On ne pensait pas à celui-là, dis ? Ecris-moi un mot pour m'annoncer ton arrivée. Ton vieux. »
Dans ses propres carnets – publication posthume chez Gallimard sous le titre de Journal intime –, à la date du 22 juin, Eugène Dabit, entre deux femmes (son épouse, Béatrice Appia, dite Biche et l'artiste hongroise, Vera Braun), s'interroge :
Je dîne avec Biche, rue Paul-de-Kock. Est-ce la dernière soirée que je passe dans cette maison ? Oui, peut-être. Mais pas la dernière soirée que je vis auprès de Biche. Sauf si ce voyage en U. R. S. S. m'est fatal…
La petite bande visitera Leningrad, Moscou, puis Tbilissi – alors, Tiflis. Guilloux et Schiffrin y abandonnent leurs compagnons de voyage pour rentrer à Paris via Moscou, Berlin et la Belgique. Les autres se rendront à Batoumi, Sokhoumi et Sotchi. Avec pour seule date, la vague indication « Juin-juillet 1936 », Guilloux écrit :
…Comme toujours en voyage, je n'ai pas écrit une seule note, mais je me souviendrai. C'est à Moscou que nous avons appris l'insurrection de Franco (18 juillet 1936).
Puis :
Août 1936 – Au téléphone la voix de Gide. Je ne comprends pas tout de suite que c'est pour m'annoncer la mort de Dabit. Il est mort à Sébastopol, de la scarlatine. Trop troublé par cette nouvelle, je comprends mal ce que Gide ajoute : que personne n'est encore informé, je crois.
André Gide dédiera à Dabit son Voyage en U. R. S. S. ; Louis-Ferdinand Céline en fera de même – Dabit s'en serait bien passé – avec Bagatelles pour un massacre…
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