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Alfredo Camisa |
En novembre 1960, Alejandra Pizarnik a 24 ans et vient d'arriver à Paris. L'Argentine y restera quatre années. Le deuxième volume de son Journal, qui couvre cette période, vient d'être publié par les inestimables éditions Ypsilon, chez qui est disponible l'ensemble de l'œuvre de cette chère Flora.
On dit que, quand la mort approche, le passé fait irruption et se répand dans la mémoire comme un sac de pierres qui soudain se casse. Alors, cette nuit, j'ai vu et j'ai su de vieilles choses : partout où je me voyais, je souffrais. Je souffrais comme on respire. Pourquoi est-ce que je souffrais ? La même chose que maintenant : douleur d'absence. Qui est absent ? Je ne sais pas, mais il y a quelqu'un qui manque. Je suis venue en Europe pour chercher qui me manque. Mais que peut une jeune femme seule dans un monde grand ? Et comment et par où commencer à chercher. Tout ça, c'est de la folie. La folie commence quand les désirs les plus profonds veulent se réaliser…
Alejandra Pizarnik,
Journal II. Années françaises (1960-1964),
traduction et postface, Clément Bondu.