mardi 6 septembre 2022

No fake news

 

Pierre Le Gall

 

— Ce ne sont pas des balivernes, ma chérie.
Montre...
Ressers-nous un verre, plutôt, installe-toi, et écoute : c'est à propos du resvétatrol...
Encore un médicament controversé ?
Si on veut. C'est un composant de la peau du raisin. Et par conséquent, du vin.
Ah oui, ça me dit quelque chose. Ce n'est pas un antioxydant?
Exact. Non seulement, selon une étude américaine  pas cons, les Américains, pour une fois... le resvétatrol joue un rôle important pour la préservation de la mémoire, après 60 ans putain, c'est pour bientôt il est d'ailleurs recommandé chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer... Moi qui buvais pour oublier la connerie ambiante, tout s'explique! Bref, ça continue, donc non seulement c'est bon pour la mémoire, mais ce serait également une solution aux problèmes cardio-vasculaires...
Je ne te crois pas !
C'est l’Organisation mondiale de la Santé qui l'affirme... Après avoir voulu nous trucider avec leurs vaccins, ils essaient peut-être avec le vin ce qui tout de même plus salutaire. En tous cas, selon l'OMS, le resvétatrol, grâce à ses propriétés vasodilatatrices, réduirait à lui seul 40% des risques d’accident cardiaque et d’infarctus!...
Incroyable ! Tu ne serais pas en train d'inventer tout cela sous prétexte de ne pas arrêter de boire ?
—Tu me connais mal, ma chérie. Je n'ai pas besoin d'inventer des prétextes, le monde nous en fournit suffisamment tous les jours... Ecoute plutôt, ce n'est pas fini : chaque verre de vin rouge consommé par mois réduirait le risque de cancer du poumon...
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est une fake news, j'en suis sûre.
Ça se pourrait car ça vient encore des Etats-Unis. Mais ça a l'air très sérieux. L’association américaine pour la recherche sur le cancer est arrivée à ces conclusions : chaque verre de vin rouge consommé par mois réduirait le risque de cancer du poumon. Tu m'entends? Chaque verre!
Ton père pourtant, qui n'était pas le dernier à lever le coude comme tu me l'as souvent dit, n'est-il pas mort d'un cancer du poumon ?
— Rien à voir. Il fumait comme un pompier. Par son boulot sur les chantiers, il a été exposé à toute sorte de produits toxiques, dont l'amiante... Et puis, il buvait beaucoup de pastis dans mon souvenir. Et lorsqu'il y avait du vin à la maison, il devait être de piètre qualité. Va savoir ce qui l'a tué...
— Il est vraiment pas mal, ce petit vin, tu me ressers?
— C'est appréciable, ce moment, avec nos verres, cette boîte de sardines, toi sur le canapé, n'est-ce pas? Si on arrêtait complètement l'apéro, je crois que tu serais bien embêtée...
— Tu viens près de moi ?
— Attends, je n'ai pas fini.
— Ah oui ?
— Des chercheurs hollandais, cette fois, estiment que les hommes qui boivent un verre de vin par jour auraient une espérance de vie supérieure de 3,8 années par rapport à ceux qui n’en boivent pas...
— C'est dingue... Ce doit quand même être une question de dosage, mon chéri.
— Comme pour tout, non ?
— Oui, mais tu te gardes bien de l'évoquer... Tu ne mets en avant que les vertus du vin. Tiens, la bouteille est finie...
— Attends, un dernier point. Une étude conjointe de deux universités américaines, encore eux, décidément, affirme que les hommes qui boivent du vin régulièrement sont moins susceptibles d’éprouver des troubles érectiles, et tout cela grâce à des pigments qu’on retrouve principalement dans les bleuets, les mûres, les radis et... le vin rouge ! : les flavonoïdes...
— Sur ce point, je ne peux pas contredire les Américains.
— Comme pour le reste, crois-moi !
— Bon, tu as fini ta lecture ? Tu viens près de moi que je vérifie ce dernier point?
—Tu veux dire que chez toi, le vin n'a pas d'effet bénéfique sur la mémoire ?
— Tu m'as dit que cet effet se vérifiait passé le cap fatidique des 60 ans, j'ai encore de la marge, profite...
— Quand même, c'est un peu fâcheux que tu ne te souviennes de rien sur ce plan-là...
— Tu vois, quand je te dis que tu me fais perdre la tête, tu ne me crois jamais...
— Dans ce cas-là, laisse-moi finir ton verre et je promets de tout te faire oublier!

 



5 commentaires:

  1. Enfin des réjouissantes nouvelles. La mauvaise en découle : le vin devient un produit de luxe goûté par des snobs qui ne jurent que par un cépage dont ils ont entendu causer sur tel ou tel blogue et par conséquent, le bon vieux caviste avec sa cuve et son pistolet qui vous remplissait la boutanche d'un Corbières déclassé appartient à l'univers des photos de Doisneau.
    Il nous restera quoi, à nous les pauvres qui aimons tant lever le coude ?
    Allez, je vais m'en remettre un.

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    1. Cher Michel Simon, ne m'en parle pas. Les cavistes dans le (sens du) vent pullulent et, dans certains quartiers, seront bientôt plus nombreux que les agences immobilières. Si je ne buvais pas autant, je passerais mon permis afin de sillonner les routes et rendre visite aux petits producteurs qui, heureusement, existent encore... Salud !

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  2. Et moi qui pensais que la journée allait être sinistre ! Comme le dit Michel Simon, c'est réjouissant. Merci à vous, cher Inconsolable. Je m'en irai fêter dignement, ce soir, ces résultats scientifiques à l'aide de quelques verres et les copains.

    Ceci dit, si je me méfie, comme la peste, des "vins naturels" (les quelques expériences faites, verre en main, ont confirmé cette saine attitude : ils sont, au mieux, de joyeuses piquettes et de bons produits marketingue), je me ravitaille régulièrement dans les coopératives. Dans mon coin, ce qui, il y a quelques années, aurait pu servir à nettoyer des pièces de moteur, est devenu aujourd'hui un plus qu'honnête raisiné qui tiendrait tête à bien des boutanches à 15€ et plus.
    Et je ne parle pas de ma région natale, où d'hardis petits producteurs tiennent bien haut l'étendard de la dive bouteille. Les gars ont bien bossé, mon verre est bien rempli.

    Je vous souhaite, à tous les deux, de bonnes bouteilles.
    Le bonjour chez vous.

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    1. Cher Promeneur, j'attends les bonnes adresses et références ! Un peu de solidarité !
      Quant aux vins nature, ou naturels, j'en ai goûté certains qui étaient excellents. Bien sûr, les nouveaux cavistes et autres épiceries fines, ou dites "de circuit court", vous assomment à la moindre mégarde - fréquentes quand on a soif... Santé !

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  3. N'exagérons rien, camarade Promeneur, il existe des jajas dits "naturels" tout à fait honorables, le prix l'étant effectivement souvent beaucoup moins. La différence réside essentiellement qu'en cas de joyeuses beuveries, le "sulphité" cause certains maux de tête là où le "naturel" vous met le bide en vrac.
    On en profite pour faire un coup de pub à un petit bouquin tout à fait dans le sujet écrit par un collègue qui connaît son affaire car il en produit aussi : https://luxediteur.com/catalogue/livresse-des-communards/
    Salud !

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