Carole Bellaïche |
16 août 1926
Le plus difficile, dans l'art, ce n'est pas de s'enrichir, c'est de renoncer.
J'ai fait une longue promenade aujourd'hui, sans penser à rien. Je ne m'en plains pas ; cela m'a réjoui. La pensée m'est devenue, dernièrement, haïssable.
7 septembre
J'écris comme on s'ouvrirait les veines.
J'écris pour ajourner une confession ; toute écriture devait être pour moi comme un moyen de reporter la sentence.
26 octobre
Il m'est arrivé de passer devant des femmes comme une ombre. Un fantôme ; je ne leur faisais aucune impression. Mes paroles s'envolaient comme du vent. Je me dis maintenant que cela remonte à des époques où j'étais plus pur.
30 juin 1927
Ne te demande pas qui ou quoi exerce une influence sur toi. La question n'est pas là. La question, c'est : as-tu un tempérament propre ? Si c'est le cas, il n'est pas impossible (et ne demande pas que cela le devienne) que ton élan premier vienne d'un penchant pour l'imitation — de la même façon que c'est par le travail que tu libéreras définitivement ce prétexte-là.
Georges Séféris, Journées 1925-1944,
trad. Gilles Ortlieb,
éd. Le bruit du temps, 2021
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