En cas d'épidémie, il faut tuer tout le monde pour qu'elle ne se propage.
Evelyn Krull |
Tout ce qui est à lire m'intéresse. Même les notices des produits pharmaceutiques. Je peux passer des après-midis entières à lire des trucs sur des médicaments dont je n'ai jamais entendu parler. Je ne comprends d'ailleurs rien à ce qu'on raconte étant donné le jargon sybillin. Il est fort probable que lorsque je lis un livre de philosophie, il y a les trois quart que je ne comprends pas, mais ça m'intéresse tout de même. Je ne désire pas tellement comprendre, je désire sentir quoi, je désire être heureux avec un livre dans les mains, si je ne comprends pas, tant pis.
Extrait de l'entretien accordé par l'indispensable Louis Scutenaire à son ami Christian Bussy pour le compte de la RTB en 1969, transcrit par Huguette Lendel en vue de la publication de J’ai quelque chose à dire. Et c’est très court. par les belges éditions Cactus inébranlable (le contraire eut été étonnant), anthologie de textes signés Scutenaire composée d'une sélection de ses fameuses Inscriptions, des considérations sur le surréalisme et sur son œuvre propre (mais pas toujours), des galeries de portraits comme on dit, ainsi que de très brèves fictions, des hommages de proches et d'inconnus (de nous) et deux entretiens avec le même interlocuteur, dont l'un avec le fils de celui-ci ― on aurait aimé un peu de sa poésie aussi, mais bon, de quoi, malgré le vertige, et pour seulement 20 balles, un bon coussin calé derrière le dos, être heureux un moment avec un livre dans les mains.
Ça me paraît juste, ce côté facultatif de comprendre. On peut tout aussi bien se laisser traverser et laisser les mots et les idées s'échapper, car ils s'échappent et cela donne de la liberté à l'ensemble. Pas besoin d'emprisonner quoi que ce soit dans l'exiguïté de nos entendements. Tout au plus garderons-nous une trace légère ou un ébouriffement.
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