mercredi 17 octobre 2018

Peu importe

André Kertész


et j'avais des pensées sans compter
flambant l'eau de vie dans mon café
à l'ombre du bistro d'en bas
un puzzle géant dont j'ignorerai à jamais
peu importe
les pièces manquantes 
suintant l'humidité ressassant
des histoires et des breuvages
à vomir sans vous
de sas en salles des pas perdus 
un film de plus
perclus parmi les ivrognes les insomniaques
les illuminés
obsédé par tous ces mots ces phrases
brusques frasques obscènes et sauf lorsqu'elle me frappait
vous me trouviez titubant 
sur un pied 
à terre m'enfonçant un peu plus dans
l'aisance la suffisance et la souciance
noir au comptoir comme ces papillons
que j'accueillais sans me défiler 
épuisé par vos blagues grasses
des matinées sans trève ni jeûne
rideau sur la vie devant moi 
je sais que j'ai passé l'âge
et ne serai jamais intelligent 
mon cher Pe Cas Cor
aussi écrirai-je encore
des conneries dont tout le monde
se fout
qué más da
Charles Brun

5 commentaires:

  1. Cher Consolateur, le poème a souffle et corps. Il tombe bien. Il mériterait une notule (une fois n'est pas coutume...) qui éclairerait un peu "Pe Cas Cor" que je suppose être Pedro Casariego Córdoba. Inconnu de moi, jusqu'à lors, bien entendu. Et ce même si cela sonne bien comme cela, sans qu'on le sache.
    Après moi, tout le monde s'en fout peut-être, mais quand même, vous savez, on ne sait jamais.
    Affections
    Sophie

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    1. Chère Sophie, je pense que pour CB, une fois serait coutume… Petite précision pour vous seule (jurez-moi de n'en faire aucune publicité) Pe Cas Cor a cessé d'écrire à l'âge de 31 ans, estimant que les gens intelligents ne se rabaissent pas à ce genre d'activité. Poète drôlement désespéré, et dessinateur et peintre (https://nosconsolations.blogspot.com/2018/08/comme-tout-ce-qui-est-important.html), il n'a pas 40 ans lorsqu'il est tué par "un train mort de faim".
      Merci de votre bienveillance chère Sophie !

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  2. Cher Carlos,
    Les poètes ne meurent jamais puisque pour toujours ils nous parlent et que nous pouvons toujours les apostropher. Pedro Casariego Córdoba que je viens de découvrir ici, fut aussi un merveilleux peintre, le peu que j’ai vu me commande d’en voir davantage. Toujours un grand plaisir de vous lire.
    Amicalement,
    Lucm

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    1. Cher Luc, j'ai fait connaissance de Pedro Casariego en juin dernier en discutant avec sa belle-sœur, romancière, Berta Vias Mahou, qui m'offrit deux livres merveilleux et magnifiquement édités de ce grand poète et peintre. Si vous avez l'occasion de vous les procurer, pas une hésitation ! Bien à vous

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