mardi 2 octobre 2018

On ne vit qu'une heure

Faire de la poésie, c'est finalement écouter. On écoute une espèce de rumeur qu'on a en soi qui est provoquée par la pulsation du cœur, les secousses de la matière grise. C'est facile, il suffit d'être réceptif.




Ma quête n’avait qu’un cap : c’était moins l’histoire de Brel qui m’intéressait, ni l’exégèse de son œuvre, que cette question simple : que reste-il du Grand Jacques dans la France ratatinée d’aujourd’hui ? De quoi le pays était-il le nom et lui le non ? Brel qui m’avait tant aidé à quitter le pays, à aller voir, comme il le professait tant, à aller loin, à rester toujours instable ; peut-être pourrait-il me soutenir dans mon retour. Il me devait bien ça, après tout. Il n’y a pas de poète innocent.

David Dufresne, cador du documentaire, signe son retour d'exil et présente en ces termes On ne vit qu'une heure, sous-titré Une virée avec Jacques Brel, fausse biographie, véritable errance en France dite profonde, celle habituellement boudée par les médias — hors faits divers —, désertifiée par le patronat et les actionnaires, peuplée d'électeurs frontistes (comment dit-on désormais ?), et de gens de rien (Ah, Christophe, son camion pizza et son boulot à l'usine !) qui souvent sont bien plus que ceux chéris par les sunlights. Vesoul, Haute-Saône, aujourd'hui commune du Grand Est. Vesoul, ville-monde. Son livre nullement nostalgique calque ce que l'on sait des soirées post-récitals du Grand Jacques (1.80 m), loin de la foule et des caméras, à la rencontre des autres, simples figurants d'une existence ou personnages d'une prochaine chanson et qui, tous, pourront affirmer sans mentir : « Brel, je l'ai bien connu »... 





4 commentaires:

  1. Cher Inconsolable, merci pour cette archive Ina de premier ordre. Il me semble que je suis d'accord avec lui sur tout, d'autant que - au-delà des idées - c'est la façon de les amener qui est assez fascinante chez lui. Ca me fait penser à cette chanson redécouverte il y a quelques années "Sans exigences", elle est d'une grande complexité dans ce qu'elle veut signifier de l'homme et de la femme, de la liberté et de ce que ça produit à la longue d'être "sans exigences". C'est assez incroyable qu'elle n'ait jamais figuré sur les Marquises parce qu'elle s'est classée selon moi parmi ses meilleures chansons, dès la première écoute. Si vous ne connaissez pas, vous avez de la chance.
    https://www.youtube.com/watch?v=FQz4bPZQjjg

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    1. Merci chère Sophie Roussel de m'avoir rappelé ce magnifique texte. Je l'avais entendu il y a un moment déjà, je ne sais où, et oublié je crois. Je vous conseille chaudement le livre de Davduf, éblouissant, rare… amitiés

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  2. Merci de le signaler! Je me le procure vite.

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    1. Cher Chris, foncez ! Ce livre est passionnant de bout en bout !

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