Thierry Valencin |
et, j’ai dit, tu peux prendre tes riches oncles et tanteset pères et grand-pèreset tout leur foutu pétroleet leurs sept lacset leurs dindes sauvageset les bisonset tout l’Etat du Texas,tes fêtes à la conet tes promenades du samedi soiret ta bibliothèque du merdeet tes conseillers municipaux véreuxet tes pédés d’artistestu prends tout çaet tes hebdomadaireset tes fameuses tornades,et tes pertes dégueulasseset tous tes chats qui miaulentet ton abonnement à Time,et tu te les mets où je pense,ma chérie.
Je peux encore manier la hache et la pioche (je crois)et je peux encore ramasser25 billets pour un combat de 4 rounds (peut-être);d’accord, j’ai 38 ansmais un peu de teinture effacera le grisde mes cheveux ;et je peux toujours écrire un poème (parfois),n’oublie pas ça, et même siça ne paie pas,c’est mieux que d’attendre la mort et le pétrole,et chasser les dindes sauvageset attendre que le mondecommence.très bien, sale clodo, elle a dit,tire-toi.
quoi ? j’ai fait.
tire-toi, t’as piquéta dernière crise.j’en ai marre de tes crises :tu ressembles tout le temps àun personnage d’une pièce d’O’Neill.
mais je suis différent, ma chérie,j’y peuxrien.
t’es différent, très bien !et comment, t’es différent !claque pasla porteen partant.
mais, ma chérie, j’aime tonargent !
t’as pas dit une seule foisque tu m’aimais !
qu’est-ce que tu veux ?un menteur ou unamant ?
tu l’es pas non plus ! dehors, sale clodo,dehors !
mais ma chérie !
retourne à O’Neill !
j’ai refermé doucementla porte et je suis sortien pensant : tout ce qu’elles veulentc’est un pantinqui dise oui et nonqui se penche au-dessus du feu etne foute pas trop le bordel ;mais tu ne rajeunis pas,mon vieux ;la prochaine fois tâche de lafermerun peu.
Charles Bukowski, Avec les Damnés,
trad. Michel Lederer (?)
trad. Michel Lederer (?)
Merci pour ce poème de l'indispensable Hank.
RépondreSupprimerJe suis surpris, un peu, d'avoir apprécié ce texte traduit par Guégan. Je garde, en effet, un souvenir amer de la traduction d'Un carnet taché de vin qu'avaient torchonné les Guégan et fils. D'ailleurs, il semble me souvenir n'avoir pas été le seul à s'être ému de la mauvaise qualité de l'entreprise.
Exact cher Promeneur,le doute est permis, il m'habite d'ailleurs… En fait, le recueil Avec les damnés est assez obscur. En page de garde sont listés les traducteurs. Ceux des romans et nouvelles et ceux des poèmes. Je n'ai plus dans ma bibliothèque L'Amour est un chien de l'enfer (volé il me semble par une chienne de l'enfer), traduit par Guégan, et n'ai pu vérifier si ce poème en faisait partie. Selon mes recherhces, il est extrait d'un recueil non traduit en français, Roominghouse Madrigals: Early Selected Poems 1946-1966. Est-ce le Vincennois et client de la librairie où je bossais il y a des années, Michel Lederer, mentionné sur cette page de garde pour "tous les autres extraits" qui est responsable de cette traduction ? Possible. Ceci expliquerait cela comme disait Thierry Roland. Toujours est-il que Vive Hank !
SupprimerMerci pour ces précisions, cher Inconsolable. Je scruterai ma bibliothèque pour y retrouver ce Chien (contrairement à vous, mes ex petites amies avaient moins bon gout que la vôtre : aucune ne m'a volé d'exemplaire de Hank).
RépondreSupprimerPour nous ôter de ce doute, peut-être pourrions nous appliquer cette recette, certes hâtive mais souvent efficace : si c'est bon, c'est pas du Guégan.
Bien à vous
Excellente initiative ! Je vais être encore plus précis, cher Promeneur. J'ai racheté hier le Chien et "Le jour où j'ai repoussé un paquet de billets" n'y figure pas. Ce n'est donc pas du Gégé... J'enlève mon point d'interrogation immédiatement. Vive Hank ! et Vive Lederer ! et vive le Promeneur !
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