Un jour, j’ai sorti un livre et c’était ça. Je restai planté
un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge
publique. J’ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à
travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait son énergie et était
suivie d’une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa force à
la page, une sensation de quelque chose sculpté dans le texte. Voilà enfin un
homme qui n’avait pas peur de l’émotion. L’humour et la douleur mélangés avec
une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour
moi. J’avais une carte de la Bibliothèque. Je sortis le livre et l’emportai
dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant
de le terminer qu’il y avait là un homme qui avait changé l’écriture. Le livre
était Demande à la poussière et l’auteur, John Fante. Il allait toute ma vie
m’influencer dans mon travail.
Charles Bukowski, extrait de la préface à
Demande à la poussière de John Fante.
Demande à la poussière de John Fante.