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Leslie Jones |
le poème peut grincer comme une porte sans gonds
Jean Cayrol
il pense être parvenu
à faire reculer
l'infini
lui aussi
et à la tombée de la nuit
troque sa mise
de maudit charlatan
des mots
pour celle de pilier de zinc
surnageant parmi les alcoolos
clodos
camés
paumés
passagers
filles en fugue
mineures
majoritairement
chacun vient avec son silence
lui rappellent-ils
en quelques vers
il brasse les bouquets
s'insurge
retourne le troquet
mélange les joueurs
confond corruption des partis
déliquescence du pays
non-respect de la foi
effondrement de la loi
femmes infidèles
dérèglement climatique
vengeance
vendanges
le temps qui passe et
le vent qui passe
les amis perdus de sens
les amours rêvées
celles tarifées...
soudain hagard
il semble chercher ses mots
ou ceux des autres
abandonnés dans sa mansarde
désordonné de honte
il songe à ses mémorandums
depuis des lustres dispersés
aux quatre coins de la chambre
enfouis dans les placards
les tiroirs
le palais à sec
il envie
à l'image de son maître
la sérénité des imbéciles
plastronnant aux plus belles places
propres sur eux
toujours heureux
et en bonne santé
rentre chez toi
on t'a assez vu
lui dit-on
assez entendu
sous-entendu : tu as assez bu
se dit le patron
qui inscrit sur l'ardoise
tragique
la somme du soir
allez
va te coucher le barde
ouste
salut la compagnie
et le voilà remontant dans sa piaule
défiant de nouveau la blafarde
sur un coin de table
il notera de nouvelles pensées insurpassables
les fourrera au fin fond
de la penderie
et à la fine praline
emmitouflé avec un seul f
se souviendra-il
dans sa vieille pèlerine
griffes refermées
il trouvera enfin
le sommeil l'injuste
jusqu'au lendemain
si vous le voulez bien
charles brun, la somme du soir
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