jeudi 14 décembre 2023

Fantômes de l'automne



En août dernier, me dit-on, Georges Poulot, dit Perros, aurait eu cent ans. Quelle idée...
Les éditions Finitude sautent tout de même sur l'occasion pour réimprimer J’habite près de mon silence, recueil d'une vingtaine de poèmes discrètement publiés en leur temps par ci, par là et ailleurs.

 

Isolé non Seul oui Mais encor
puisque rien n'est simple en urgence
l'amitié en moi sonne du cor
et hurle de temps en temps vengeance.

 

***

 

Qui te connaît Georges Perros
Nul au monde ni moi ni vous
Toi peut-être fille aux seins roux
Prêtresse de ce vieil Eros
Je ne sus que te caresser
Alors qu’intense amour à faire
Qu’es-tu devenue ô beauté
Dont je perçus mal le mystère
Qu’est-il devenu ton cher corps
Terreux, dansant avec les morts
L’horrible, l’éternel quadrille
Où es-tu folle jeune fille
Folle d’aimer qui ne sait pas
Être aimé autrement qu’en rêve
Non plus aimer sinon trop brève
La férocité d’un désir
Moins à vivre hélas qu’à mourir. 

Si je te rencontrais demain
Tu me verrais main dans leurs mains
À ces enfants que je fis naître
Tu me dirais bonjour peut-être
— Je l’ai vu quelque part mais où
Cet homme près de la vieillesse
Avec ce regard un peu flou
Mais quand mon Dieu mais où était-ce ? 

 

***

J’habite près de mon silence
à deux pas du puits et les mots
morts d'amour doutant que je pense
y viennent boire en gros sabots
comme fantômes de l'automne
mais toute la mèche est à vendre
il est tari le puits, tari.

 

 
Georges Perros, J’habite près de mon silence,
éd. Finitude, 13 euros

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