Le maçon somnambule
Moi maçon somnambule
Sur mon échafaudage vacillant
Nuit et jour sans répit
Je manie les paroles
Comme des pierres pleines
Pour élever mon fantôme de maison
Sans toit sans raison
Jusqu'à l'oubli supérieur
Le retourné
Encore hier
J'étais fort
Aussi fort que vous
J'escaladais vos nuages
Aux rampes d'escalier
Je débouchais dans vos villes
Aux crampes écarlates
D'échec en échec
Ma route était sûre
Aujourd'hui
Je me laisse envahir
Par les morts
De puissants chars des morts
Ont déferlé sur mes chemins
Dévasté mes terrains
Renversé mes remparts
Labouré mes limites
Ravagé mes lumières
Encore hier
J'étais rose
Aussi rose que vous
Me voici noir
Comme une terre
Retournée
Pour survivre
Dans ce monde clos de morts
Où l'espoir enterre l'espoir
Il me reste le Refus
Pour survivre
Paul Valet, La parole qui me porte et autres poèmes,
Poésie/Gallimard, 2020
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