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Mar Astiárraga |
La rouille s'est posée sur ma langue comme la saveur
d'une disparition.
L'oubli est entré dans ma langue et je n'ai eu d'autre
conduite que l'oubli,
et je n'ai accepté d'autre valeur que l'impossibilité.
Comme un bateau calcifié dans un pays d'où la mer s'est retirée,
j'ai écouté la reddition de mes os s'établissant dans
le repos ;
j'ai écouté la fuite des insectes, la rétraction de
l'ombre pénétrant ce qui restait de moi ;
j'ai écouté jusqu'à ce que la vérité eût cessé d'exister
dans l'espace et dans mon esprit,
et je n'ai pu endurer la perfection du silence.
Antonio Gamoneda, Description du mensonge,
trad. Jacques Ancet, ed. José Corti, 2004
C’est très beau
RépondreSupprimerOui, et ce n'est que la première page de ce poème, cher Arnaud… Amicalement
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