jeudi 3 octobre 2024

Pour commencer

Douglas Corrance

 

Je me dois d’écrire pour commencer que le nihilisme, au sens commun, celui de la négation têtue et radicale, est tout entier du côté de la société contemporaine, de l’ordre des choses actuel ; que les nihilistes sont aujourd’hui ceux qui prétendent gouverner les Etats, diriger les entreprises, contrôler les échanges; que ces nihilistes trouvent des appuis jusque chez leurs opposants qui, par le moyen d’une formation insuffisante et falsifiée, ne se doutent de rien ; qu’ainsi, la critique résolue de cette prétendue civilisation qui a tout d’une barbarie, toujours au sens commun, est versée au compte d’un nihilisme de propagande, démontré par ce genre de question d’une indigence absolue: «Que proposez-vous donc, de retourner à l’âge des cavernes?» Le nihilisme contemporain s’étend à l’ensemble des rapports sociaux et vient jusque dans nos bras égorger sœurs, frères, compagnes et camarades, amis et connaissances. La plainte est si forte que le nihilisme retournera la plainte et le plaignant: «Vous voilà isolé? Vous l’avez bien cherché!» sans que quiconque ne bronche, pas même le plaignant, qui cesse de se plaindre et se blinde, en effet.

 

Dominique Meens, Pêche à pied,
Pontcerq, 2024