vendredi 6 septembre 2024

Dans le même temps

Gilles D'Elia




Emmanuel Macron, chef de l’État français, ment.
Le mensonge, en politique, n’est certes pas complètement nouveau
: d’autres l’ont pratiqué avant lui, mais de manière intermittente, et en assumant à peu près cette sournoiserie, fût-ce sous le sceau de la plaisanterie méchante. On se rappelle que feu Charles Pasqua, qui fut l’un des ministres de l’Intérieur les plus droitiers de la Cinquième République, se plaisait à théoriser que « les mensonges» politiciens «n’engagent que ceux qui les croient».
Mais Emmanuel Macron se signale par cette singularité, tout à fait inédite, elle, qu’il ment toujours plus effrontément.
Il bafoue quotidiennement la vérité des faits.
Il nous explique, très tranquillement, que nous n’entendons pas ce que nous entendons, et que nous ne voyons pas ce que nous voyons.
Lorsqu’il déverse des centaines de milliards d’euros dans les poches des Français les plus aisés, par exemple, c’est pour mieux soutenir qu’il n’est absolument «
pas le président des riches». Et lorsqu’il accable les plus pauvres – qui selon lui «ne sont rien» – de son incommensurable mépris, c’est pour mieux soutenir qu’il «aime notre pays et nos compatriotes».
Quotidiennement, il remplace donc la réalité par une «
vérité» alternative, où ses incessantes brutalités deviennent des preuves d’amour.
Cette politique du mensonge érigé en régime de gouvernement alimente évidemment la défiance à l’égard de la parole publique dans laquelle prospère la démagogie réactionnaire. Elle constitue probablement la principale contribution du chef de l’État à l’extrême droitisation du pays qui l’a élu président sur la promesse qu’il ferait, nous allons y revenir, «
barrage aux idées de l’extrême droite». Car c’est la droite nationaliste, intégralement construite dans la forgerie de dangers imaginaires, qui profite au premier chef de ce brouillage général des repères permettant de distinguer le vrai du faux. Mais, au-delà de cet apport essentiel, Emmanuel Macron, depuis le tout début de son règne, a constamment œuvré à la normalisation de cette extrême droite qu’il avait pourtant promis de contenir.
Il lui adresse régulièrement des signaux très directs, comme autant de témoignages de sa complaisance, lorsqu’il décide par exemple
– avant de renoncer à ce sordide projet– d’«honorer» la mémoire du «grand soldat» Pétain. Ou lorsqu’il accorde un entretien exclusif à un magazine condamné pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence contre les Roms. Ou encore quand il apporte son soutien à un éditocrate condamné, lui, pour provocation à la haine contre les musulmans.
Dans le même temps, le chef de l’État, secondé par quelques ministres profondément réactionnaires, fait aussi d’autres cadeaux à l’extrême droite
– en imposant des politiques brutales qui aggravent les inégalités et exacerbent les tensions, et en déchaînant contre les protestataires des répressions d’une violence stupéfiante.
En cela
: Emmanuel Macron peut être considéré comme un fourrier du fascisme, dont il prépare, par son autoritarisme, le très possible avènement.

 

Sébastien Fontenelle, Macron et l'extrême droite : Du barrage au boulevard,
Massot Editions, 2023

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