lundi 3 juin 2024

Rien d'autre ne m'intéresse

– Que ferez-vous si un jour vous n'avez plus d'idées ?

– Ce genre de questions ne rime à rien. C'est comme si vous demandiez à une cantatrice ce qu'elle ferait si elle n'avait plus de voix. Que devrait-elle répondre ? Qu'elle chanterait des airs muets ? De toute façon, chaque fois qu'on a écrit quelque chose, on croit que c'est fini, qu'on ne peut plus et qu'on ne veut plus. Mais rien d'autre ne m'intéresse.

– Et si vous rencontriez demain le grand amour ?

– Je ne pourrais pas l'empêcher. 

 

Cet entretien accordé par Thomas Bernhard à André Muller en 1979 est publié chez nous en 1986 par Maurice Nadeau dans Ténèbres, qui constitue alors le premier recueil critique autour de l'auteur de La Platrière. Claude Porcell, traducteur du théâtre de Bernhard, était aux manettes. Aussi l'annonce d'une prochaine édition poche de Ténèbres, chez le même Nadeau, a suscité notre intérêt, ne serait-ce que pour laisser reposer l'édition grand format, fragile et devenue rare– mais nullement épuisée. Or, curiosité du monde de l'édition, cette version poche, bien que portant le titre de l' originale, et orchestrée par le même éditeur, est amputée de deux tiers des textes, dont la préface de Porcell et son essai sur le théâtre de Bernhard sans parler de la photo de couverture, elle aussi disparue!
Il y a tant de textes de Thomas Bernhard inédits dans notre langue qu'on est à bon droit déconcerté devant ce type de démarche éditoriale.

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