Quand
je m'éveille, ma bouche est ouverte. Mes dents sont grasses :
les brosser le soir serait mieux, mais je n'en ai jamais le courage.
Des larmes ont séché aux coins de mes paupières.
Mes épaules ne me font plus mal.
Des
cheveux raides couvrent mon front. De mes doigts écartés
je les rejette en arrière. C'est inutile : comme les pages d'un
livre neuf, ils se dressent et retombent sur mes yeux.
En
baissant la tête, je sens que ma barbe a poussé : elle
pique mon cou. La nuque chauffée, je reste sur le dos, les yeux
ouverts, les draps jusqu'au menton pour que le lit ne se refroidisse
pas.
Le
plafond est taché d'humidité : il est si près du
toit. Par endroits, il y a de l'air sous le papier-tenture. Mes meubles
ressemblent à ceux des brocanteurs, sur les trottoirs. Le tuyau
de mon petit poêle est bandé avec un chiffon, comme un
genou. En haut de la fenêtre, un store qui ne peut plus servir
pend de travers.
En
m'allongeant, je sens contre la plante des pieds – un peu comme un danseur
de corde – les barreaux verticaux du lit-cage. Les habits, qui pèsent
sur mes mollets sont plats, tièdes d'un côté seulement.
Les lacets de mes souliers n'ont plus de ferrets. Dès qu'il pleut,
la chambre et froide. On croirait que personne n'y a couché.
L'eau, qui glisse sur toute la largeur des carreaux, ronge le mastic
et forme une flaque, par terre. Lorsque le soleil, tout seul dans le ciel, flamboie, il projette sa
lumière dorée au milieu de la pièce. Alors, les
mouches tracent sur le plancher mille lignes droites.
Chef-d'œuvre.
RépondreSupprimerJe ne vous le fais pas dire, cher Frédéric…
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