mercredi 7 octobre 2020

Des différents courants de la poésie

Man Ray

 

Roman inachevé et jusqu'ici inédit en français, Les Déboires d’un vrai policier a été traduit par Jean-Marie Saint-Lu pour le volume deux des Œuvres complètes de Roberto Bolaño publié par L'Olivier cette année. «Le policier, précisait le Chilien,  est le lecteur, qui cherche en vain à mettre de l’ordre dans ce roman démoniaque ». En voici les premières lignes...


Pour Padilla, se souvenait Amalfitano, il existait une littérature hétérosexuelle, homosexuelle et bisexuelle. Les romans, d'une façon générale, étaient hétéroxuels. La poésie, en revanche, était absolument homosexuelle. Dans l’immense océan de celle-ci, il distinguait plusieurs courants : pédés, tantes, tapettes, folles, fiottes, lopettes, gonzesses et tarlouzes. Toutefois, les deux courants principaux étaient celui des pédés et celui des tantes. Walt Whitman, par exemple, était un poète pédé, sans l'ombre d'un doute, et Octavio Paz tante. Borges était une tarlouze, c'est-à-dire qu'il pouvait tour à tour être pédé ou simplement asexuel. Ruben Darío était une folle, en fait la reine et le paradigme des folles (dans notre langue, bien sûr ; dans le vaste monde, ce vaste monde des autres, le paradigme était toujours Verlaine le Généreux). Une folle, d'après Padilla, était plus près de l'asile de fous fleuri et des hallucinations à vif tandis que les pédés et les tantes erraient de façon syncopée de l'Ethique à l'Esthétique et inversement...


Roberto Bolaño, Les Déboires d’un vrai policier


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