samedi 18 avril 2020

Si ça ne vous fait rien


Marianna Rothen

A genoux j'étais, une langue, minable calamité, je ne comprenais que dalle, tu gardais le silence et quelques meubles, de marbre, tu te lançais dans le partage du peu que nous avions, froidement, sans émotion aucune, belle machine à calculer, et moi lessivé, anéanti, tout à toi, à notre histoire, dont j'avais toujours faim, dont tu avais décidé la fin, je n'en reconnaissais pas même le début, pas une seule dernière phrase, terminale, balancée, à se remémorer, il n'y avait eu au monde plus amoureux que moi, je me disais en dormant, car dans le rêve, j'étais larve, vidé, incapable de la moindre pensée, à peine un slogan, Plus jamais ça, la décision était prise, mal écrit, mal dit, réserver le spectacle de l'humiliation, la chute et la solitude à moi seul, pour toi, plus grand-chose à voir, faire, dire, comme dans le rêve, pas un geste, je me tire, ton Rin Tin Tin s'en va, te laisse sa laisse et tout ce qu'il n'a pas, panique, peur, pleurs, crasse, honte, lâcheté, je les emporte avec moi, si ça ne vous fait rien.

Charles Brun, Désinscriptions infinies

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