mardi 10 mars 2020

Nu au cinéma


En 1968, Maurice Pialat a 43 ans et tourne enfin son premier long métrage, parrainé par son beau-frère Claude Berri qui convainc François Truffaut de coproduire L'Enfance nue. De loin, par son sujet, le film peut faire penser aux 400 Coups, mais de loin seulement. Car on y distingue déjà la démarche singulière de Pialat, faussement naturaliste, sa sécheresse apparente et son humour discret et plutôt sombre, un univers bien éloigné de celui de ses confrères de la Nouvelle Vague, embourgeoisée, à bout de souffle pourrait-on même dire à cette époque.
L'Enfance nue est un échec commercial. Pialat devra attendre 4 ans
avant de pouvoir réaliser un nouveau long métrage (Nous ne vieillirons pas ensemble, 1972). Entre-temps, il fera un retour à la télévision pour tourner l'excellent feuilleton La Maison de bois — il n'est pas alors question de séries...
En février 1969, quelques jours après son arrivée en salles, une émission, rediffusée récemment, prenait la défense, un peu tard, de L'Enfance nue, convoquant Philippe Esnault et Jean Mitry, ainsi qu'un jeune attaché de presse admiratif nommé Bertrand Tavernier. Claude Chabrol
— qui traverse sa période créative la plus intéressante y fait également une apparition enthousiaste.
Ecouter aujourd'hui le débutant Pialat, c'est entendre, même si c'est court, non pas l'amertume ou le ressentiment dont on a, à maintes reprises et commodément, gratifié l'auteur de La Gueule ouverte, mais une sincérité nue du bonhomme, pourtant assez séducteur, tant il est bien difficile de dater les propos ici tenus et le point de vue qui est déjà le sien sur l'état du cinéma...


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