jeudi 5 septembre 2019

La pluie sur la mer



Le regard d'une femme, en fin de soirée, dans un bar, peut faire qu'une journée morte ressuscite. Et toi avec.

Certains prennent tellement le soin d'être à la mode qu'ils ont l'air d'une mauvaise plaisanterie ambulante.

Voir tomber la pluie sur la mer me fait penser à moi.

Autoportrait en hiver : un type solitaire, avec une humeur de chien et un parapluie.

Il arrive parfois que, dans un bar, ou au spectacle, tu détournes soudain les yeux et tombes sur une personne qui te fixe du regard. Garde cet instant en mémoire. Car jamais plus elle ne sera aussi sincère.

Elle était grande et maléfique et, paradoxe considérable, pauvre.

Le mot révolution jouit d'un charisme excessif.

Ces gens qui ont peur que nous remarquions qu'ils ne sont pas d'accord.

Jeune, j'ai exercé une mauvaise influence sur moi.

Quand tu embrasses une femme qui dort, ne prétends pas être le seul.

L'amour, s'il existe, résiste.

Cette putain de vie finira par tous nous tuer.

Les solitaires, cibles des raseurs.

Ne me parlez pas du peuple. J'ai été président d'un conseil syndical. Je sais ce qu'est le peuple.

Certaines cravates accentuent le désastre.

Etre un type sympathique… Je n'y pense même pas.

« Nous voulons décider de notre avenir ! » Encore une ronflante supercherie.

Les bonnes nouvelles, c'est une affaire de jeunes.

- Je n'ai jamais rien fait dont je devrais avoir honte, dis-je.
- Tu t'es déjà relu ?, répondit-elle.

L'amour et le quotidien tout au plus se supportent.

Tant qu'il y aura des bars et des librairies !


Karmelo C. Iribarren, Diario de K.,
Renacimiento, 2014
traduction maison

6 commentaires:

  1. Marrant. Pierre-François Lacenaire avait sorti un aphorisme à peu prêt équivalent au neuvième (Jeune, j'ai exercé une mauvaise influence sur moi).

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    1. Tu sais ce que c'est, cher Jules, le passé ne cesse de copier le présent… Cela dit, c'est certainement mal traduit…

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  2. Non, non, certainement pas.
    L'idée était juste la même mais je ne retrouve pas le passage exact.

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    1. Les idées, comme disait l'autre, cher Julio, sont dans l'air, ou les livres anciens. Pour peu qu'on soit sensible, ou fragile, on a vite fait de les attraper... Cela dit, si tu remets la main sur le passage en question, ça m'intéresse...

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  3. Honte à moi, j'ai retrouvé l'exacte citation et elle n'a qu'un rapport très relatif.
    "Quand j'étais jeune, j'étais déjà plus lucide que les autres. Ils ne me l'ont pas pardonné... Alors je suis rentré en moi-même... Les imprudents ! Me laisser seul avec moi-même ! Et ils me défendaient les mauvaises fréquentations..."
    Je sais, Pierre-François a l'air insupportable, comme ça, et d'ailleurs il devait l'être. N'oublions pas qu'il écrivit ses mémoires et quelques chansons en prison en attendant de passer à la guillotine.

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    1. Amigo Julio, honte à moi, je n'ai pas lu les Mémoires de ce Pierre François… Effectivement, il y a de l'idée… Je ne désespère pas de croiser un jour ce drôle de Karmelo. Je lui parlerai alors de Lacenaire, si j'y pense… Un saludo desde el gris Paris

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