mercredi 2 janvier 2019

Dans un désert


Retour au bureau, la gueule encore un peu de chêne, pas grand-chose à faire, trêve des confiseurs longue durée, je jette un oeil à quelques sites d'infos délaissés ces derniers temps, histoire de me remettre au goût du jour, et de bien commencer l'année.
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Côté marchés financiers, à bout de souffle depuis un moment, voire sous perfusion étatique, la peur s'installe, me dit-on. Les indices boursiers ne cessent de chuter. Jusqu'où ? Le CAC 40 baisse de 2,4% après avoir perdu près de 11% l’an dernier. Quant au Dow Jones, il a chuté de 6% et des poussières l'an dernier. Nos banques ont sérieusement dévissé. La BNP a perdu 36,42% sur l’année 2018, le Crédit agricole, -32,50%, et la Société générale, -35,55%. La tourmente frappe également nos modèles de voisins allemands. La Deutsche Bank, 11e banque mondiale, avec près de 1 800 milliards d'actifs financers, supprime 7 000 postes, après trois années consécutives de pertes sévères. Mais les experts préfèrent regarder ailleurs afin de ne pas miner le moral des Européens appelés à relancer la croissance dans la joie et la bonne humeur, sans oublier de faire barrage à l'extrême-droite. Certains observateurs annoncent tout de même pour tout bientôt une crise financière redoutable, bien plus spectaculaire que celle d'il y a dix ans.

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Bourses toujours, avec celles de Benalla dont on ne sait s'il faut rire ou refermer avec pudeur le dossier. Ou en faire une série, genre Bureau des légendes, avec une pléthore de personnages issus des services secrets, des millionnaires propriétaires de presse, des membres de la mafia russe, des décors sompteux avec les ors de la république, des intrigues amoureuses et des thèmes déclinables à l'envi : jalousie, ambition, pouvoir, trahison, magouilles, rumeurs, sondages d'opinion, manipulations..., de quoi faire, même si les ficelles sont parfois un peu grosses. Aux dernières nouvelles, comme on le sait, Benalla, qui avait remis à l'été ses deux passeports diplomatiques, fort de son casier vierge, de son coffre-fort vide et de son pistolet en plastique, se serait rapidement recyclé dans le conseil et le commerce international. On le retrouve le mois dernier au Tchad, après un détour par Israël, s'entretenant avec les plus hautes autorités, bénéficiant de ses fameux passeports diplomatiques qu'on lui aurait prêté de nouveau en octobre en lui recommandant de ne pas faire de conneries. Mais le gars, comme on le sait aussi, ne doute de rien et les utilise dans la foulée, pour une question de confort personnel, dit-il. Le Quai d'Orsay prétend avoir réclamé à deux reprises ces fameux documents. En vain, semble-t-il. Pas de chance. L'Elysée affirme ne rien savoir. Normal, son locataire a autre chose à faire. Mais Alexandre le grand déclare au contraire avoir gardé des liens avec le Palais, Macron n'hésitant pas à le consulter à propos de tout et de rien. On imagine ce cher Emmanuel, déjà déboussolé par le mouvement des gilets jaunes, barricadé et complètement perdu sans les lumières de son protégé – et protecteur – qui, si je comprends bien, avait pris depuis un moment la place de l'éclaireur Ricoeur. Les pantins socialistes, devant ce qu'ils nomment des mensonges d'Etat, ont bien feint de réclamer de vraies lumières sur l'affaire. Mais la présidente de la commission des lois, l'inénarrable et infatigable en marche Yaël Braun-Pivet leur a tiré la langue dans les couloirs de l'assemblée. Il est vrai que lancer une nouvelle enquête parlementaire serait prendre le risque d'un foutage de gueule (du citoyen) un peu trop voyant...


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Gilets jaunes, justement. Alors que se durcissent les sanctions pour les chômeurs ne respectant pas les règles ou ne se rendant pas à un entretien inutile, à Marseille, selon un délégué des GJ, chaque personne occupant un rond-point ou une place publique sans autorisation préalable risque désormais une amende de 5e classe, allant de 1 500 à 3 000 euros. Plus besoin de saccager des monuments publics, représentant « les valeurs de la République », pour être un criminel. Après, à chaque nouvel Acte des GJ, le blocage des accès des lieux de manifestation (et de pouvoir), la cinquantaine de stations de métro parisiennes fermées, la suppression des trains débarquant à Paris, les tronçons d'autoroutes bloqués, les arrestations et les garde à vue arbitraires, les grenades et autres tirs de flashball dans la gueule, cette nouvelle forme de faire disparaître ces sales énergumènes sentant mauvais sera certainement bien plus efficace que l'obole des mesurettes du gouvernement.



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Comme chaque année, le 1er janvier distingue quelques personnalités bien de chez nous – 402 cette fois-ci – en leur clouant sur la poitrine le ruban rouge (de la honte) de la Légion d'honneur. Parmi celles choisies par le ministère de la Culture, on retiendra, aux côtés de l'académicien, poète et dramaturge René de Obaldia, 100 ans – il était temps ! –, pour ses 33 ans de service (lesquels ?), le facétieux monarchiste cathodique Stéphane Bern, également promoteur de la loterie du patrimoine sous le règne d'Emmanuel Ier, la comédienne et réalisatrice et productrice, et compagne de l'ancien ministre du Budget, François Baroin, et ex-exilée fiscale, Michèle Laroque, et l'autre ex-exilé fiscal, et Grantécrivain, jeune marié photographié par Carla Bruni, et admirateur de Donald Trump, Michel Houellebecq et ses 35 ans de service. On attend avec impatience l'arrivée imminente de son nouveau roman déjà encensé dans les gazettes toutes unanimes – ça se lit vite aussi... Côté sport, on n'a pas oublié les 23 Bleus, certainement l'équipe la plus ennuyeuse du Mondial le plus soporifique de l'histoire du foot...

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Heureusement, côté culture toujours, on m'annonce la sortie sur tous les écrans de France et de Navarre d'une comédie comme notre cinéma les aime et sait les faire. C'est d'ailleurs la suite d'un premier opus qui a fait ses preuves. Et c'est, me dit-on, encore plus drôle que le premier volet... 






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Epuisé, je crois que je vais me réfugier, une fois de plus, dans la lecture du migrant roumain...

La clairvoyance est le seul vice qui rende libre — libre dans un désert.
Cioran, De l'incovénient d'être né




Les illustrations en noir et blanc viennent d'ici
et la vidéo des (a)voeux provient d'ici.

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