samedi 21 avril 2018

Dernières nouvelles du meilleur des mondes

Ce matin, en prenant mon café et avant de filer au travail, encore sonné par les textes de Prudon lus en pagaille hier soir par Bonnaffé et sa bande — vous avez perdu quelque chose ! —, je survolais ici et là, mais c'est pareil, les nouvelles, neuves et anciennes, divertissantes et louches, paupières encore collées, sans trop y croire. Entre mensonges, manipulation, paranoïa et bêtise généralisées, fake et check news, tout semblait merveilleusement important et harmonieux dans le meilleur des mondes, de la Corée du Nord qui se montre enfin raisonnable, à l'évacuation sans histoire de Tolbiac, en passant par la nouvelle compagne de Valls et le jeune chêne que Macron s'apprête à offrir à Trump.
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Manuel Valls, donc. L'homme qui rebondit. L'ancien maire d'Evry, sollicité paraît-il par Ciudadanos, parti centriste 2.0, serait actuellement en train d'étudier sérieusement la possibilité d'aller redresser l'Espagne en se présentant à la mairie de Barcelone, avec, bien entendu, derrière la tête (plate) l'idée (tout aussi plate) de faire la nique aux indépendantistes catalans. Ces gens-là, ça ose tout. Malin comme un vieux singe du cirque médiatico-politique, Manuel sait qu'il lui faut régulièrement se dénuder sous les sunlights. En début de semaine, le Catalan opportuniste annonçait en exclusivité à Paris-Match, qui n'a plus de Johnny à se mettre sur la couv', sa séparation d'avec Anne Gravoin, dont j'ignorais jusqu'ici l'existence, violoniste de son état, lis-je. Puis, quelques heures plus tard, le parfait petit Manuel révélait à un autre support publicitaire, VSD, que j'ignorais être encore en vie, son idylle avec Olivia Grégoire, inconnue à mon bataillon de professionnels de la profession, passée par la pub, les missions ministérielles, et aujourd'hui députée macronienne, porte-parole du groupe LREM et membre de la Commission des finances, et surtout, une dizaine d'années plus jeune que la musicienne, sacré Manu. Ici ou à Barcelone, l'inénarrable hurluberlu devrait bien s'entendre avec celle qui, nous dit-on, se définit elle-même comme un « Jack Russel et un bulldozer »...

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Sécurité toujours, avec l'arrivée en trombe des voitures-radars privées. Embarqués à bord de plusieurs centaines de véhicules banalisés, les radars flasheront désormais à tout-va sur les autoroutes et départementales, normandes dans un premier temps puis sur l'ensemble du bitume hexagonal. Le respect de la loi et du code de la route a donc été confié à une société privée filiale de Challancin, groupe sympathique et familial, spécialisé dans la sécurité et la propreté. D'autres boîtes devraient rapidement lui emboîter le pas pour se partager le gâteau national des excès de vitesse. Demain, comme on le sait, le privé se substituera entièrement à l'Etat qui, pour le moment, s'emploie à déchiqueter sans répit ce que l'on nommait encore hier le tissu social. C'était ça ou l'extrême-droite, nous n'avions pas le choix, souvenez-vous...
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Sécurité encore avec le démantèlement de la « Commune de Tolbiac ». Une opération rondement menée à l'aube par les forces de l'ordre musclées comme les aime Gérard Collomb, navigateur-en-chef et en eaux troubles. Une évacuation sans heurts donc. Mis à part, peut-être, un étudiant dans le coma après une chute provoquée par un policier, comme l'affirme le site Reporterre. Nouvelle que le service high-tech de Libé, « Checknews », s'est empressé de flouter, se contentant de mentionner le manque de preuves, et s'alignant sur le communiqué de la préfecture, le petit doigt sur la couture du pantalon d'uniforme policier : tout s'est déroulé dans le calme et sans incident, comme à Notre-Dame-des-Landes...
Plus le flux de l'info est contrôlé, plus on en sait moins. La majorité des médias concentrés a préféré se focaliser sur la dégradation des lieux par ces enfoirés de jeunes gauchistes et la facture dont l'ensemble des Français devront s'acquitter. Pas le souvenir de tels calculs après les frappes chirurgicales de notre pays en Syrie. En cherchant un peu, ailleurs sur la toile, un même chiffre revient pourtant : 16,3 millions serait le montant de l'opération française, sous les ordres de l'ami Trump et au nez et à la barbe des Nations-Unies. Démonstration de force qui semble avoir impressioné le joufflu dictateur nord-coréen qui affirme suspendre son programme nucléaire et se dit prêt à rencontrer son homologue amerloque.
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Dictature toujours avec ce magnifique cadeau de la France aux Etats-Unis. Dans le cadre de ce que l'Elysée qualifie de « Rencontre entre amis », Emmanuel Ier se rendra la semaine prochaine aux States avec maman et, dans le sac à main Vuitton de celle-ci, un jeune plant de chêne « symbolisant, dixit toujours l'Elysée, la force de la soumission des relations » entre la France et le pays de Mickey Donald. Cette bouture d'un chêne du Nord de la France sera, espère-t-on, plantée sur la pelouse de la Maison-Blanche. Au nom certainement des valeurs démocratiques que partagent ces pays amis.
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En voilà un qui, selon Le Figaro, a tourné la page, loin de la politique. Son nom, Françis Fillon. L'article est illustré par un portrait de l'ancien Premier ministre, et malheureux candidat aux dernières présidentielles, en costume (offert ?) de coureur automobile, posant sur un bolide aussi lumineux que son sourire de seigneur certain de piloter au-dessus des lois et d'échapper à une justice trop lente et laxiste avec les hommes de son extraction. Je n'ai pas lu le papier, réservé aux abonnés, et ne saurais jamais si Penélope lui sert de copilote ou si ses piges accaparent tout son temps précieux...


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Ce soir, à Montreuil, dans le cadre d'un hommage personnel et égoïste à Hervé Prudon, et en attendant la publication de poèmes inédits annoncée pour octobre ou le printemps prochain, j'ouvrirai une petite bouteille de vin naturel, histoire de ne pas trop brûler l'oesophage, et boirai en pensant sans modération à ce fabuleux amoureux de cette chienne de langue qui écrivait, peu avant de quitter notre planète chérie, sur l'un de ses nombreux cahiers noircis de verres sombres...
boire me fait prendre l’air
prendre le large prendre le temps : poser mon congé
et si je finis la bouteille
c’est par amour du vide
et parce que j’aime le goût de boire


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