samedi 24 février 2018

Un jour ou l'autre

Le C.A. de Gallimard



Mercredi 26 janvier (1983)
Appris incidemment et avec surprise que Cioran vivait grâce à une aide permanente du Centre national des lettres. Je trouve normal ce système ; il vaut mieux qu'un écrivain, bien entendu reconnu, soit aidé par la puissance publique comme sous la royauté plutôt que de perdre son temps à essayer de ressembler à monsieur Tout-le-monde en étant salarié ou, pis, à faire de la littérature alimentaire, voire à faire la pute pour vendre ses livres comme cela arrive de plus en plus. Ma surprise vient d'ailleurs : apprendre que Cioran en soit réduit à cela. Et pourquoi ? Parce qu'il aurait mille lecteurs, pas plus... Je n'en reviens pas ! J'ai du mal à croire que son audience soit si faible, et si dérisoire, au regard de la qualité de son oeuvre. Sans doute son refus de participer à la promotion de ses livres concourt-il à ce que son oeuvre reste confidentielle, pour l'heure : un jour ou l'autre, son audience grandira, fut-ce après sa mort. Ses livres rapporteront de l'argent, c'est certain. Et alors, qui se frottera les mains ? Son éditeur : que celui-ci n'assure pas une petite rente dès aujourd'hui à ce monsieur déjà âgé, je trouve cela scandaleux.


André Blanchard, Un début loin de la vie,
Le Dilettante, à paraître le 14 mars 2018

3 commentaires:

  1. Merci pour ce blog.
    Interpellé par Cioran, le Buk et Cohen,
    je ne peux que devenir qu'un de tes lecteurs.
    L'exploration commence...

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  2. Heureusement qu' "il revient à la littérature, encore et toujours, d'ajourner la désolation." (André Blanchard)

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