jeudi 8 février 2018

Priez pour nous



Football toujours. Ce qu'il est devenu. Le quotidien L'Equipe publiait ces jours-ci la liste des plus gros salaires du championnat français. Je n'ai pas pris la peine de jeter un oeil ou deux à cette information, certainement reprise un peu partout. Principalement parce que je goûte peu la pornographie et sais aussi que ces salaires sont indicatifs, la plupart des millionaires en short — d'ici et d'ailleurs percevant d'autres types de revenus plus ou moins obscurs. L'un d'eux, le Portugais Cristiano Ronaldo, dit CR7, qui officie au Real Madrid, est d'ailleurs en ce moment quelque peu inquiété par la justice espagnole. Ce charmant jeune homme, qui se paie officiellement des enfants portés par des femmes de l'ombre, offre à son agent une île pour son anniversaire, réclame régulièrement des revalorisations salariales sous menace d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte — c'est encore arrivé l'été dernier et cet hiver, mais visiblement, peu de clubs sont prêts à miser sur ce joueur qui vient de fêter ses 33 ans et à s'aligner surtout sur les émulations auxquelles il prétend —, n'hésite pas à envoyer promener son propre public (Foda-se, lui conseille-t-il) lorsque les aficionados se lamentent devant les ratés de la star, est soupçonné d'avoir omis de déclarer au fisc quelques 14,7 millions d'euros. Pour sa défense, ce type qui incarne sur le terrain, et en dehors, la suffisance, l'arrogance, le narcissime, l'égoïsme (il manifeste généralement peu sa joie lorsque ce sont ses coéquipiers qui marquent un but), crie son innocence et au complot, et n'oublie pas de brandir les dossiers de deux de ses camarades blanchis par la justice pour des faits certes similaires, mais bien plus modestes. Gageons qu'il s'en tirera sans trop de dommages — selon que vous serez puissant ou misérable, etc. Comme il réussira, bien qu'à peine sortie, l'info fut immédiatement démentie, à racheter le bel immeuble art déco du numéro 29 de la Gran Vía madrilène afin d'étendre son bizness d'hôtels de luxe de Madère à New York, en passant par Lisbonne, Ibiza, le Maroc... Car peu importera, à lui comme à ceux qui lui en donneront l'autorisation, de faire disparaître la librairie historique Casa del libro qui occupe depuis bientôt un siècle les trois premiers étages de l'édifice (il va sans dire que nous connaissons bien l'endroit et que nous serons encore plus inconsolable s'il était un jour amené à disparaître).

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L'un des footballeurs les mieux payés de la planète, et l'un des plus insupportables, Neymar Jr., transféré l'été dernier de Barcelone à Paris pour la somme de 222 millions d'euros, vient de fêter ses 26 ans il est né le même jour que CR7 qui, dit-il, est le miroir dans lequel il se paluche... Pour les besoins de ce jour particulier, et au lendemain d'une soirée de poker musical dans son manoir, le petit prince de Paris a privatisé et fait sponsoriser de beaux salons de la capitale, avec bonne chère, DJ, invités venus de partout (dont le président brésilien himself, dit-on) et selfies à gogo. Afin de donner un coup de main en cuisine, mettre les petits plats dans les grands, les patrons du Brésilien l'Etat qatari , avaient également fait projeter l'image de leur petit protégé sur la façade de l'Hôtel de ville, celle du drugstore Publicis, du Parc des princes et, car ils ont de l'humour, celle du Bon marché. Neymar a quitté Barcelone parce qu'il ne supportait plus d'être dans l'ombre de l'Argentin Messi, et ne pouvait résister à l'idée notamment de doubler son salaire et à la perspective de devenir enfin une marque à lui seul. Ramassant plus de blé par ses contrats publicitaires que par sa présence sur les près, le jeune homme n'hésite plus à se faire porter pâle lorsque lui prend la flemme d'aller user ses crampons du côté de Guigamp, Angers ou Metz. Deux jours après les festivités, son équipe se déplaçait du côté de Sochaux pour disputer un huitième de finale de Coupe de France. Son entraîneur n'eut, paraît-il, d'autre choix que d'oublier d'inscrire son franchise player, comme on dit maintenant, sur la feuille de match. Il est désormais rare de voir un entraîneur, s'il tient à son poste, exiger de ce type de footballeur, traité tel un chef d'Etat, une hygiène de vie à la hauteur de sa célébrité, une véritable implication à l'entraînement et de faire passer ses intérêts personnels après ceux de son équipe.


Glamour bling-bling toujours. Avec la mise au ban (de touche) de Francisco Alarcón, dit Isco, jugón malaguène du Real Madrid. Selon la presse spécialisée, l'entraîneur de l'équipe, le Français Zinedine Zidane, aurait décidé de se séparer de son numéro 22 l'été prochain. Etincelant l'an passé, Isco doit, dit-on, sa baisse de régime à l'amplification de sa vie sociale (et sexuelle, espérons pour lui…) avec sa nouvelle fiancée, Sara Sálamo qui, sur les réseaux sociaux, se présente comme « Canarian actress, feminist and animalistic » – réseaux sur lesquels la belle étale son idylle et se fait, paraît-il, régulièrement traiter de cazafortunas – équivalent castillan de "croqueuse de diamants". Les spécialistes se gardent de nous dire si l'Andalou arrive à l'entraînement épuisé par ses nuits d'amour, ou avec la gueule de bois – il ne serait pas le premier… Or, depuis le renouvellement l'an passé de son contrat, et après la "jurisprudence" Neymar, la clause libératoire d'Isco est passée à 700 millions d'euros. Malgré les chiffres actuellement délirants du marché des footeux, on voit mal quel club pourrait débourser une telle somme pour s'offrir le petit couple dans le vent…



Espagne toujours, le Français Mathieu Flamini vient de signer un contrat à Getafe, petit club de la banlieue de Madrid jouant néanmoins en Liga, la première division espagnole. A 33 ans, l'ancien milieu de terrain d'Arsenal et du Milan AC ne réalise pas véritablement une belle opération financière. Il est là pour donner un coup de main, dit-il. D'ailleurs, il n'a guère besoin de fric. Il est généralement présenté comme l'un des footballeurs les plus riches de la planète. Actionnaire depuis 2008 d'une boîte développant l'acide lévulinique, futur substitut dit-on du pétrole, Flamini est aussi – avant tout ? – un homme d'affaires surfant sur des millions de dollars et quelques comptes offshore à Malte et aux Iles vierges britanniques comme l'ont récemment révélé les Paradise papers. 

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Mais l'histoire de football la plus curieuse cette semaine est celle qui nous vient de Lituanie où le FK Panevezys, club de deuxième division, qui, flairant la bonne affaire, vient de recruter le dénommé Barkley Miguel-Panzo, sans l'avoir vu jouer, mais, paraît-il, en se fiant à sa fiche wikipédia… Selon l'encyclopédie en ligne, cet Angolais de 25 ans a signé 45 buts en 36 matchs pour les Queens Park Rangers entre 2010 et 2012, joué pour l'US Orléans, et porté trois fois le maillot de sa sélection. Or, tout est faux. Ce footballeur est un illustre inconnu, n'est passé que par les équipes réserve des clubs cités et n'a jamais signé le moindre contrat professionnel. L'affaire a fait le buzz, comme on dit. Mais personne ne précise qui est à l'origine du faux. Ou si le brave Barkley n'a pas, après tout, le niveau de cette modeste équipe lituanienne. On ne saura pas non plus si les dirigeants du FK Panevezys ne nous prennent pas pour des pipes et n'ont pas utilisé ce joueur pour des opérations plus obscures – cela s'est vu et se voit régulièrement… 



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