mercredi 29 novembre 2017

Gel



et je t'ai attrapée à peine couchée
tu as dit j'ai les pieds froids
et je t'ai collée à moi
il était temps d'oublier l'hiver moqueur
tandis que la pluie frappait les volets intriguant les chats
j'étais persuadée que tu m'avais quittée
tu as dit comme une banale évidence de salon
laissant rimer revoir avec jamais
j'ai serré mes bras autour de tes hanches y déchirant la peau
que faire d'autre en ce début d'hiver dévastateur
nous décomposions un grotesque tableau
pas beaux à croire
fatigués par l'oubli l'acharnement et le froid
et l'âge suintait sur l'oreiller
comme un disque d'été déjà rayé
nous sommes ces vieux jeunes amoureux
à qui la vie a cessé de sourire tu as dit
nous le savons et nous en foutrons
et si nous filions
à la pharmacie trouver
des pilules pour ne pas rêver ?
la lumière baissée je t'ai retournée contre moi
sans un mot un baiser un seul souffle
demain à l'aube le réveil déchirera la brume
nous nous désolons comme les vignes sous le vent et le gel
mais boirons encore quelques verres en attendant la fin
de ce nouvel hiver rieur
qu'aurions-nous encore à lui répondre ?
viens écrase-moi je dors déjà et tu n'en es plus loin



Charles Brun, C'est déjà ça





5 commentaires:

  1. Il est temps que Charles Brun publie ces textes. ( je ne reçois pas internet dans les toilettes )

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    1. C'est ce que je me tue à lui dire : Charlie, tes textes sont à chier !

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    2. L’endroit est propice à la poésie et à la méditation. Charles y côtoierait les meilleurs, les illustres et les injustement méconnus.

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    3. Le gars Charlie ne manque pas d'humour, j'espère qu'il comprendra que je plaisantais... Ce blogue, et ses rares mais fabuleux lecteurs, aura au moins contribué à faire passer CB du statut d'auteur inconnu à celui d'injustement méconnu, je suis sûr qu'il n'en demandait pas tant...

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    4. Après Thiéfaine, l'illustre inconnu de la chanson,Charles
      Brun,l'encore injustement méconnu de la littérature. "Quand un poète rencontre un autre poète ...".
      Florent

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