samedi 21 janvier 2017

L’avenir du monde


L’avenir n’est plus ce qu’il était. Vous avez dû vous en apercevoir : l’avenir n’est plus ce qu’il était.
Dans le passé, l’avenir se déroulait principalement selon trois modes d’action.
[1] Le monde se terminait et tout recommençait à zéro pour un monde identique, version pessimiste de la plupart des croyances.
[2] Le monde se terminait dans un bain de sang effroyable et ultime et survenait alors un monde de félicité, version optimiste de certaines religions.
[3] Le monde ne se terminait jamais et la félicité, qui en était le ferment, allait grandissant jusqu’à la fin des temps, eux-mêmes renouvelables indéfiniment, version téméraire des fins de l’Histoire.
Mais au début du XXIe siècle, ces théories avaient vécu. Les prévisions avaient évolué. Tous les gens dotés d’un certain sens des réalités s’accordaient sur un point : quelle que soit la procédure envisagée, ça finira mal. Soit par un effroyable bain de sang suivi de rien du tout, hypothèse optimiste. Soit par des bains de sang un peu partout suivis par d’autres bains de sang un peu partout, indéfiniment, jusqu’à ce que l’univers se dilate suffisamment pour que sa densité atteigne une valeur infinie provoquant ainsi la destruction des galaxies et des pauvres hères qui les habitent. Certains observateurs y ajoutaient un élément complémentaire : l’abrutissement parallèle et jusqu’ici inconcevable de l’humanité.

Patrik Ourednik, La Fin du monde n'aurait pas eu lieu,
éd. Allia, 2017, 10€

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