samedi 29 octobre 2016

Plus belle sera la chute

Je me souviens rarement de mes rêves. Certainement en raison de ces insomnies chroniques. Quand je parviens à dormir, je suis trop fatigué pour me souvenir. Mais ce matin, lorsque le réveil sonna, j'étais encore étourdi par un songe étrange et trop facile à déchiffrer. Je faisais visiter notre maison à une personne que je ne parviens pas à identifier, mais peu importe. La maison ressemblait vaguement à ce qu'elle est en réalité - mais qu'est-ce que la réalité ? J'en faisais le tour du propriétaire et derrière le bâtiment, je montrais deux autres constructions totalement délabrées, pour ainsi dire abandonnées. Un paysage de pays en guerre. La première de ces bâtisses était vide, le ravalement oublié depuis des siècles. La seconde, en aussi piteux état, ne possédait plus de fenêtres. Par l'un de ces trous, on pouvait observer, au premier étage, une femme âgée, étendue sur un lit, le regard tourné vers nous - et offrant peut-être un sourire las. Il était question de la vétusté des lieux mais aussi de l'âge des bâtiments. Mon interlocuteur vantait la solidité de la chose, la structure en bois éternelle qu'il suffisait d'entretenir, lorsque je lui faisais remarquer la pluie de poussière qui tombait sur nous, trace incontestable du travail de sape des nombreuses vrillettes qui l'habitaient. Désespéré, je me tournai vers la gauche, distinguai une librairie et m'en approchais. La première salle ressemblait à un de ces commerces du livre tels qu'ils nous sont aujourd'hui donnés à voir, aux tables submergées de nouveautés, plus propres et plus merdiques les unes que les autres. A travers une ouverture, pareillement à une fenêtre absente, je repérai le rayon de philosophie. Je cherchai alors l'accès à cette deuxième salle, le trouvai au fond de la première et m'y précipitai. Mis à part ce rayon consacré à la philo, la salle était dépouvue de livres, de meubles, de vendeurs et de clients. Arrivé essoufflé devant le rayon convoité, je marchais sur un sol de carton qui m'engloutit aussitôt. Dans ma chute, je tentai de m'agripper à ce que je pus mais ne fit qu'entraîner dans ma descente des étagères entièrement remplies de bouquins - et pas que des poches ! - qui m'engloutirent définitivement. Oui, je me suis réveillé étourdi, nullement effrayé, mais soulagé, consolé, jaloux de mon tombeau...

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