lundi 19 septembre 2016

Le (télé)film du dimanche soir

René Maltête



- La chanson, qu'elle l'utilise deux fois, c'est le meilleur ingrédient du film. Tu connaissais, ce chanteur ?
- Oui, je l'avais découvert parce qu'il avait été un copain de beuverie de Lennon, dans les années 70. Everybody's talking, c'est lui…
- Connais pas…
- La chanson de Macadam Cowboy.
- Ah oui ! 
- Et un ou deux autres tubes de ces années-là. Il avait une voix incroyable. Il a sombré dans l'alcool, je crois, a perdu ce qui faisait sa singularité, est mort très jeune…
- C'est triste.
- Ce qui me rend triste, c'est de voir un mauvais film…
- Je m'en veux. C'est moi qui t'ai entraîné…
- Non, c'est moi qui ai voulu t'accompagner, faire un effort, ne pas céder aux préjugés… Même en regardant le film, j'essayais de trouver de bonnes choses… L'absence de Vincent Macaigne en est une, indéniablement…
- Je ne comprends pas, les critiques étaient tellement enthousiastes…
- Tu as été critique, tu sais ce que c'est…
- Comme pour le film allemand, on fait une montagne de pas grand-chose… Dire qu'elle se revendique de Billy Wilder, Howard Hawks, Woody Allen et même Sacha Guitry…
- Ces gens-là n'ont peur de rien. On met un chien et un singe dans un tribunal et ça vous place d'emblée à la hauteur d'Howard Hawks !
- Il se passe plus de choses, il y a plus de rythme dans un épisode de 28 minutes de Larry David qu'en 1h30 de ce truc mou dans lequel on sourit tout juste une ou deux fois.
- La comédie n'est pas à la portée de la première venue.
- On a l'impression qu'elle la refuse.
- Elle a des éléments, mais n'en fait rien. Comme s'il suffisait d'avoir l'idée de pour faire comme. 
- L'ensemble est assez dépressif, improbable, mal foutu.
- Aucune idée de mise en scène, du blabla en champ-contrechamp…
- J'ai bien aimé Laurent Poitrenaux. 
- Oui, il est pas mal en écrivain raté devenu blogueur.
- En revanche, la communauté des autres blogueurs est assez pitoyable.
- C'est ainsi que l'élite des créateurs perçoit ceux qui trouvent un espace sur la toile, que des minables… Cette vision les rassure.
- Tu penses que c'est un film cher ?
- C'est un téléfilm qui a l'air bien financé : Canal, France Télévisions, le CNC, des Soficas… Tous ces financiers se réunissent sur un produit fadasse, lisse, sans aspérités, soporifique, passe-partout, avec un petit casting sympathique…
- T'as pensé quoi de Virginie Efira ?
- La même chose que pour le film de Mouret. Elle est pas mal, sans plus. Et elle peut être assez disgracieuse dans certains plans.
- Pas ceux où elle est nue, hein ! Elle a un joli corps, tu ne vas pas me dire le contraire.
- Ok, mais on s'en fout. On ne nous la vend pas comme la bombe du cinéma français.
- Détrompe-toi ! Certains magazines la décrivent comme la Marilyn française.
- C'est une blague ?!
- Pas du tout ! Jolie, bien foutue, rigolote, la blonde qui fait rêver les hommes et rend les femmes jalouses…
- Mon dieu ! On nous avait déjà fait le coup avec Scarlett Johansson !
- Ce qui est curieux car Marilyn n'entrerait pas dans les canons de beauté d'aujourd'hui ! Elle était petite, pas bien proportionnée… Sur les photos de Norma Jeane Baker, jeune en maillot de bain, tu as du mal à l'imaginer en Marilyn, objet de tous les fantasmes.
- Mais déjà, à l'époque, elle fut entièrement refaite, non ?
- Oui, on a publié récemment des rapports d'autopsie je crois qui donnent la liste de tous les postiches…
- Je crois que je vais arrêter d'aller au cinéma. J'en ai assez d'avoir la sensation d'être pris pour un con.
- Moi, j'arrête les films français !
- C'est un bon début. Mais la mondialisation a rendu accessible à tous la pratique du foutage de gueule, méfie-toi !
- Et si nous allions prendre un verre, histoire de nous consoler ?

5 commentaires:

  1. Pour se consoler, "Comancheria" de David Mackenzie passe encore dans quelques salles.
    Je veux bien avaler mon stetson si ça ne vous rassure pas un peu sur l'état du cinéma.
    Jules

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  2. Eh bien, cher Jules, je dois avouer que nous avons hésité hier, à l'heure de choisir le film… Comancheria avait ma préférence, mais je me suis rangé du côté du désir féminin – ce qui finira par me perdre, j'en suis conscient…

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  3. Combien de bouses pelliculées ai-je dû me cogner par amour de ma moitié...
    Ce que femme veut...

    On dit du bien de Comancheria, effectivement...

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    1. Attention aux généralisations, cher Promeneur. A vrai dire, si je m'écoutais, je n'irais plus rien voir. J'ai donc fait parfois d'agréables découvertes grâce à ma tendre et chère. Peu, mais quelques unes…

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    2. Vous avez de la chance, cher Inconsolable, car pour ma part - et généralisation mise à part -, nous sommes abonnés aux nanars. Ce que reconnaît sans peine ma chère et tendre (qui ne s'en obstine pas moins pour autant, provoquant, chez moi, ce délicieux mélange d'agacement et d'admiration lorsqu'elle s'entête).
      Je me laisse faire en grognant car, comme vous, je me dis : "qui sait ? N'est-ce pas ainsi qu'on découvre des pépites ?"

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