vendredi 29 janvier 2016

Enfumage idéologique

Au cours de son émission lamentable, heureusement disparue des antennes du service public, Daniel Mermet, qui s'agite encore, offre une scandaleuse tribune à ce Robespierre de la critique des médias, Gilles Balbastre, journaliste indépendant et auteur du documentaire pitoyable Les Nouveaux chiens de garde et de l'archaïque Vérités et mensonges sur la SNCF.
Comme à son habitude, l'homme à la casquette (destinée à cacher le gonflement de son encéphale) manipule les images fabriquées par nos indispensables grands médias afin d'instiller dans nos esprits confus sa propagande extrémiste d'un autre temps. 
Mais que fait Valls pour envoyer ses boys au domicile de cet insupportable Bolchévique et de toute sa clique ? Il y a urgence !
 

jeudi 28 janvier 2016

Vive Leroy !


On a lu Toi, ma nuit quand on avait seize ans, en Folio. Ce roman, on lui doit beaucoup : il n'est pas pour rien dans la construction de notre imaginaire et l'on sait qu'il nous a infligé cette sensation durable : être un homme seul dans une société prétotalitaire où neuf femmes sur dix, surtout les trentenaires, donnent l'impression qu'on leur a implanté une puce à la naissance qui les programme pour la soumission, la consommation, le sexe en vingt leçons et le bovarysme assisté par ordinateur.

Jérôme Leroy, "Toi, ma nuit", oraison funèbre pour Jacques Sternberg,
in Loin devant !, L'Editeur, 2016

mercredi 20 janvier 2016

Fini, le cinéma !



Encore une comédie ?


Je crois de manière absolue au film populaire, populaire dans le sens qu'il investit directement le public, qu'il en interprète les idées et qu'il en continue le discours et les idées à l'intérieur du récit (...) L'humour est un des ingrédients de base du spectacle. L'humour a une composante indiscutable qui est de n'être jamais réactionnaire. L'humour est toujours contre quelque chose, il n'est jamais aimé par le pouvoir, par aucun type de pouvoir : il n'y a pas d'humour de gouvernement. L'humour a sa force de protestation propre. En ce sens, il est progressiste.
Ettore Scola




vendredi 15 janvier 2016

Que cela soit dit


Depuis 12 années, le LIEU DIT tient à Ménilmontant, rue Sorbier, un double rôle. D'un côté, c'est un restaurant, plus amical que beaucoup, mais qui n'est pas seul de cette espèce dans le quartier. De l'autre, c'est un lieu de rencontres autour de livres, de figures d'une gauche qu'on dit radicale pour ne pas dire révolutionnaire, de débats, de projections de films, de concerts.
Ce rôle-là est devenu essentiel au fil des années : le LIEU DIT est plus que nécessaire dans le contexte politique actuel, il est indispensable. C'est là que nous nous retrouvons les soirs où « il se passe quelque chose », là que nous avons pu voir débattre, discuter parfois âprement des individus tels qu'Alain Badiou, Daniel Bensaïd, les Pinçon-Charlot et bien d'autres.
Mais ce double rôle n'est pas sans créer des difficultés pour le LIEU DIT. L'activité rémunératrice - le restaurant - est handicapée par les réunions politiques qui occupent plusieurs fois par semaine une grande partie de la place des dîneurs. Pour cette raison, Hossein, qui tient tout sur ses épaules, éprouve en ce moment de sérieuses difficultés financières.
L'existence du LIEU DIT est menacée, et nous ne pouvons pas nous en passer. C'est pourquoi nous faisons appel à vous pour que cette aventure unique puisse continuer à nous rassembler et à nous instruire, dans le climat d'amitié qui la rend si précieuse.
 Frédéric Lordon et Éric Hazan
Envoyez vos dons à l'ordre de ASSOCIATION DES AMIS DU LIEU DIT,
6, rue Sorbier 75020 Paris.

mercredi 13 janvier 2016

Pas sûr du tout



Je ne suis pas sûr de moi.
Je ne suis pas sûr de ma place sur terre, de m'être rasé ce matin.
Je ne suis pas sûr de l'existence de la réalité.
Pas sûr de l'amour que je prétends donner, de la vie de ma mère, de savoir écrire, de ne pas comprendre les femmes.
Je ne suis pas sûr d'avoir pensé à tout.
D'avoir appris un seul truc à mes enfants, d'aimer encore le foot, les cafés et de ne plus du tout croire en mes contemporains.
Je ne suis pas sûr de m'être lavé partout avant d'entrer dans ta vie.
Je ne suis pas sûr de ce qu'on me propose.
De savoir encore parler anglais, de passer une nuit sans insomnie, de désirer demain d'autres femmes.
Je ne suis pas sûr d'avoir jamais vu un de ses films en entier.
Je ne suis pas sûr que ça serve à quelque chose. 
Je ne suis pas sûr d'avoir tenu ce discours sans flancher.
Pas sûr de savoir encore monter à cheval, dans quel verre verser le vin, rater ma vie.
Je ne suis pas sûr d'être guéri, d'avoir bien lu les livres, gagné du poids et un seul combat.
Je ne suis pas sûr d'aimer ça.
Je ne suis pas sûr de mon charme, de ma bêtise et de bien vieillir.
D'être fatigué.

Je ne suis pas sûr d'avoir jamais cru en des lendemains qui chantent, à l'amour qui dure toujours.
Je ne suis pas sûr de me rappeler sans faute tous les bons moments de l'avenir.
Je ne suis pas sûr d'y arriver.
Et même de mourir un jour.

mercredi 6 janvier 2016

A la Une

Pour bien commencer l'année, Julien Salingue et nos amis d'Acrimed ont réalisé ce petit collage sur quelques Unes de la presse quotidienne régionale. C'est un peu facile, certes, mais on se console comme on peut... Et on attend le même exercice avec la moribonde presse nationale.

cliquer sur l'image pour l'élargir et mieux rire

Sous-mission impossible






 

dimanche 3 janvier 2016

Précautions minimales


Moi, le poète Calaferte, je vous interdis de parler de poésie, comme je vous interdis de parler de l'art en général. 
Vous n'y connaissez rien. 
Vous n'y connaîtrez jamais rien. 
Pour connaître quelque chose là-dessus, il faut avoir vécu trente ou quarante ans comme un écorché vif. 
Ce n'est pas votre cas.
Ce n'est même pas à votre portée.
Vous n'êtes donc bons qu'à lire, à écouter, à contempler, si le cœur vous en dit. 
Pour le reste, fermez vos grandes gueules.

Louis Calaferte, Paraphe

samedi 2 janvier 2016

Saouls comme toujours



Là, couché auprès de toi trop saoul pour bien dormir ou lire
je t'écrivais un poème d'amour comme tu les aimes
tu m'en offrais la licence et
débauché je devenais m'employant
à ton dérèglement ta perte ta folie ta défaite
trempée
ça parlait de sexe et d'amour avec vulgarité et élégance
comme toujours
je restais couché
auprès de toi saoul comme jamais
sans pouvoir le noter
trop confiant en ma mémoire défaite
c'était le dernier jour de l'année
toute une année couché à tes côtés
déployant mes dernières forces
ça parlait de sexe d'amour et de liberté comme tu aimes
avec tes mots et les miens et ceux des autres avant nous
j'étais couché à côté de toi, mal éveillé, élevé, licencieux,
persuadé de tenir là,
saoul comme toujours amoureux comme jamais
le plus beau des poèmes de l'année dernière élégant et vulgaire

 

Charles Brun, poèmes encore