mardi 10 novembre 2015

Perros à l'apéro



- Tiens, écoute ça.
- Qu'est-ce que c'est ?
- L'amour n'est pas le contraire de la haine. C'est sa sublimation… Pourquoi tu ris ?
- Je ne sais pas. 
- Tu penses à quelque chose ?
- C'est quoi, ce livre ?
- Perros.
- Je ne connais pas. 
- Je t'en ai pourtant déjà parlé. 
- Mais tu ne me l'avais jamais lu. Il a écrit des romans aussi ?
- Je ne crois pas. De la poésie essentiellement. Tu sais, c'est cet écrivain qui était parti vivre à Douarnenez.
- Je ne connais pas Douarnenez, c'est pour ça. 
- J'y suis allé une fois et en suis tombé amoureux. Je voulais m'y installer.
- C'est Stéphane Lerouge qui y va souvent.
- Et il ne t'a jamais emmenée ?
- Papiers collés 1. D'où tu sors ce livre ?
- De ma bibliothèque. 
- Il y a combien de volumes ?
- Trois, je crois. Mais je n'en ai retrouvé qu'un seul.
- Le prix à payer lors d'une séparation ?
- On a de l'humour dans la mesure où l'autre ne s'aperçoit de rien.

- Claro que si ! C'est drôlement bien. Pourquoi tu ne m'as jamais rien lu de Perros ?
- C'est l'art de préserver des mystères qui fait perdurer l'amour.
- C'est toujours Perros ?
- Euh, non, ça c'était moi.
- C'est moins bien.
- Je te remercie.
- Je veux dire, c'est un autre style.  
- Comment rendre l'autre bête sans qu'il s'en aperçoive ? Aime-le. 
- Ah oui, parfois, je me sens très bête.
- Moi aussi. Mais c'était pareil avant de te connaître.
- Oui, tu as souvent été amoureux.
- Quelques fois.
- Ça m'énerve.
- Fallait bien que je vive jusqu'à ce que je te rencontre.
- C'est Perros, ça ?
- C'est malin ! Le corps se repose comme une question.
- Fais voir.
- La lecture des journaux fait plus de mal que le vin, le tabac et les femmes réunis.
- Comme on ne lit pas les journaux, on peut se resservir un verre.
- La bouteille est finie. Allons fumer.
- J'ai arrêté.
- Allons au lit, alors !
- Fais voir.
- Avoir de l'esprit, c'est proprement ne pas savoir ce qu'on va dire dans cinq minutes.
- C'est tout à fait moi ! Ça veut dire que j'ai de l'esprit ?
- Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre.
- Merci ! A toi de m'écouter… 
Ecrire, ce n'est pas guérison, c'est exagération du mal. Comme un bouton près d'éclater, qu'on presse.
- Il dit aussi quelque part qu'écrire est l'acte le moins pessimiste qui soit. 
- Tu vois ? Aimer, c'est donner à l'autre le droit – sinon le devoir – de nous faire souffrir. Ce bouquin est passionnant, c'est mieux que Cioran.
- Ce genre de sentence peut être un motif de divorce, attention !
- Nous ne sommes pas mariés !
- Raison de plus !  
- Tiens, pour ton blogue : D'être lucide console l'homme sensible.
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre. 
- C'est pourtant clair.
- Je ne dois pas être suffisamment lucide, alors…
- Viens, je vais te consoler.


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