mardi 10 février 2015

Notre futur

 


Coincé et frigorifié par les courants d'air circulant dans la passerelle d'embarquement, j'ai eu le temps de noter sur un carnet les slogans de la campagne "Dans le futur" du groupe HSBC dont les affiches jalonnaient à elles seules ce long couloir d'Orly.

Dans le futur, même la plus petite entreprise sera multinationale

Dans le futur, chaîne alimentaire et chaîne d’approvisionnement ne feront qu’une.

Dans le futur, le commerce Sud-Sud sera la norme, pas l’exception.

Dans le futur, l’éducation pourrait être votre meilleur investissement.

Dans le futur, tous les déchets seront source d’énergie.

Dans le futur, tous les marchés auront émergé.

Trop mal en point pour tout comprendre, j'avais l'intuition tout de même qu'on se foutait un peu de ma gueule. La fièvre, sans doute. 

C'est ce matin, alors que mon état tarde pourtant à s'améliorer que j'apprends qu'un certain Hervé Falciani, ancien employé de la banque britannique, a rendu public un système de fraude fiscale à grande échelle, la longue enquête menée par un consortium de journalistes ayant été baptisée swissleaks.  

Les chiffres, 106 000 clients, 20 000 sociétés offshore, 180 milliards d'euros de dépôts et transactions pour la seule période 2006-2007. On estime que seuls 0,2% de ces épargnants ont déclaré au fisc leurs placements. Autrement dit, la grande majorité, pour ne pas dire la quasi totalité, sont des fraudeurs. 

Parmi eux, le Roi du Maroc, des membres de la famille royale saoudienne, le prince de Bahrein mais aussi quelques artistes comme Gad Elmaleh (oui, celui qui rêve de banques), le chanteur toujours au top David Bowie, l'actrice Joan Collins, le coureur automobile Fernando Alonso ou encore l'ancien mannequin Elle Macpherson. Toutes ces stars partagent la vedette avec quelques bienfaiteurs de l'humanité comme des marchands d'armes, des trafiquants de diamants et de drogue. Il est vrai que cette banque a bâti son empire au XIXe siècle sur le trafic d'opium des Indes et en mer de Chine. On ne se refait pas.

Pendant ce temps-là, la Banque centrale européenne continue à persécuter les Grecs.  

Dans le futur, comme dans le présent, on continuera à vous baiser.

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